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Génocide Arménien : La reconnaissance de Biden

Le génocide arménien est déjà reconnu par une trentaine de pays et la communauté des historiens. Les Arméniens attendent une déclaration du président des Etats-Unis sur le sujet. Comme chaque année, celle-ci intervient à l’approche du 24 avril. C’est la date commémorative du génocide des Arméniens de l’empire ottoman en 1915. Cette année, l’espoir est plus fort, car Joe Biden pour des raisons à la fois philosophique mais aussi stratégique, pourrait aller plus loin que ses prédécesseurs. Il est sérieusement question d’une reconnaissance sans équivoque.

Le génocide des Arméniens

L’appellation Génocide des Arméniens regroupe un ensemble d’événements dramatiques. Ils ont eu lieu d’avril 1915 à juillet 1916 au minimum et peut-être jusqu’en 1923. Les deux tiers des Arméniens qui vivent alors sur le territoire actuel de la Turquie ont été les victimes de déportations, de famines et de massacres. Tout ceci a été planifié et exécuté par le parti au pouvoir à l’époque et en particulier par le triumvirat composée par Talaat, Enver et Djemal Pacha. A l’époque, l’Empire Ottoman est engagé dans la Première Guerre mondiale au côté de l’Allemagne et de l’Autriche-Hongrie. On estime que les mesures prises ont coûté la vie à environ un million deux cent mille Arméniens.

Une reconnaissance toujours en cours

Depuis, chaque camp défend sa vision de l’histoire, génocide pour les uns et guerre civile sur fond de trahison pour les autres. Au fur et à mesure, le génocide arménien est de plus en plus reconnu sur la scène internationale. Tout d’abord, par les historiens, et le 13 juin 1997, l’Association internationale des historiens des génocides adopte à l’unanimité une résolution de reconnaissance du génocide arménien. Concernant les pays, cette reconnaissance est souvent assujettie a de la diplomatie et de la geopolique. A ce jour, 29 pays ont reconnu  le génocide depuis 2017. Cependant, parfois, on joue subtilement sur une seule reconnaissance par la chambre nationales du pays. Elles ont des portées politiques et juridiques diverses et limitées. Cela permet au gouvernement du pays en question de prendre éventuellement leurs distances, dans de subtiles négociations.

Quand la géopolitique s’en mêle

C’est toute cette géopolitique dont il s’agit chaque année pour la reconnaissance du Génocide Arménien. Jusque ici, les Etats-Unis ont largement ménagé un allié qui fut important durant la guerre froide. La Turquie reste une place stratégique sur l’échiquier et notamment par rapport à la Russie. Malgré des années de pressions de la communauté arménienne aux Etats-Unis, aucun président américain ne s’est encore risqué à fâcher Ankara, allié historique du Washington et membre de l’Otan. Par exemple, Obama avait fait machine arrière à ce sujet. Plus récemment, c’est Donald Trump alors que le Congrès américain avait reconnu le génocide arménien en décembre 2019 lors d’un vote symbolique. Le texte avait été bloqué à plusieurs reprises par des alliés républicains de Donald Trump.

L’évolution de la situation

Cette fois, tout pourrait évoluer. D’une part parce que les « caprices » et les prises de paroles parfois hautes en couleur du président turc Recep Tayyip Erdogan irritent de plus en plus les Américains qui voient d’un mauvais œil son admiration grandissante et non dissimulée pour le président russe. D’autres part, militairement parlant, la Turquie apparaît de moins en moins fiable, Ankara a acheté des missiles russes S-400, que Washington juge incompatibles avec les systèmes de défense de l’Otan. Du coup, Les Etats-Unis ont exclu la Turquie du programme de fabrication du chasseur furtif de dernière génération F-35.

Un soutient pour la démocratie en Arménie

Enfin, l’équipe de Biden soutient la démocratie en Arménie. Ce n’est pas le moment de lui infliger un camouflet alors qu’elle est en difficulté. Elle est actuellement fragilisée par une défaite militaire au Karabakh face à l’Azerbaïdjan. Cette défaite a engendré une crise politique et dans deux mois, auront lieu des législatives anticipées en Arménie. Une reconnaissance, annoncée haut et fort serait une aide pour le gouvernement de Pachinian qui représente la lutte anti-corruption et la mise en place durable de la démocratie dans le pays.

Encore une fois, la reconnaissance d’un passé douloureux pourrait sauver le futur d’un peuple.

Crédit photo : Levon Vardanyan

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La Rédaction