Comment gérer l’ingérable, c’est un peu là-dessus que le conseil des sages de Facebook a statué . Sa décision, concernant le retour éventuel de l’ex-président sur le site, était très surveillée par tout le monde. En fait, même si l’égocentrisme forcené du milliardaire doit en souffrir, la décision dépasse sa seule personne. Le verdict du conseil de surveillance du géant des réseaux sociaux va représenter un moment fort et décisif pour la suite. Cela pourrait déterminer le rôle que veulent se donner les plateformes dans le débat politique.
Une première décision confirmée
Tout d’abord, rappelons que Facebook a banni de sa plateforme l’ancien président américain au lendemain de l’invasion du Congrès en janvier. Les messages postés par Donald Trump et ses partisans ont été jugés responsable en partie du chaos créé et des conséquences dramatiques qui en ont découlés. Ces événements ont augmenté la pression sur le groupe californien. Jusque ici, il avait été très tolérant au sujet de nombreux messages ambigus du milliardaire républicain.
Des condamnations généralisées
Seulement, les choses sont allées très loin, trop loin pour faire comme si de rien n’était. Certains messages faisaient valoir un soutien aux émeutiers et ont été interprétés comme une incitation à la violence. A ce moment-là, Facebook n’a évidemment pas été le seul à réagir. Par exemple, YouTube a fait de même et actuellement, il attend que « le risque de violence diminue » avant d’autoriser l’ancien président à publier de nouveau des vidéos sur sa chaîne. Plus radical fut la décision de Twitter. Il faut dire qu’à l’époque, le réseau créé par Jack Dorsey était le réseau de prédilection du milliardaire. Il traînait derrière lui près de 89 millions d’abonnés. Son compte a été suspendu de manière irrévocable.
Le conseil de surveillance maintient la position de Facebook
Le conseil de surveillance de Facebook a donc confirmé la première décision prise par le groupe. Cette « cour suprême » est composée de 20 membres internationaux dont des journalistes, des avocats, des défenseurs des droits humains et d’anciens dirigeants politiques. Elle a rendu en début d’année ses premiers verdicts (contraignants) et émis une série de recommandations (non-contraignantes).
L’ancien président américain Donald Trump est donc toujours « persona non grata » sur Facebook et sur Instagram. Cependant, afin de ne pas s’attirer trop de foudres, le conseil de surveillance a donné une nouvelle échéance. La décision pourra être revue dans les six prochains.
Censure, or not censure
Bien sûr, les fans du tribun Républicain évoquent la censure et une atteinte grave a la liberté. L’ancien chef de cabinet de Trump, Mark Meadows, estime que c’est une atteinte a la liberté d’expression. Il en profite sur Fox news pour réclamer une plus stricte régulation ou à un démantèlement du groupe. Mais ils ne sont pas les seuls. En Europe, la décision a suscitée des critiques d’associations, et même de dirigeants. La chancelière allemande Angela Merkel, par exemple se dit inquiète du pouvoir des sociétés technologiques sur la liberté d’expression. Tous se disent navrés que des décisions de cette nature et aussi importantes, soient prises par des entreprises non élues, qui n’ont pas à rendre de compte, sauf à des inspecteurs qu’elles ont choisis.
La satisfaction des Démocrates
Par contre, les mesures contre M. Trump ont été saluée par les élus démocrates et la société civile américaine. A l’occasion, ils rappellent la manière dont Donald Trump et ses partisans utilisaient Facebook et les autres plateformes pour répandre des faux messages surtout sur les processus électoraux. Ils considèrent qu’elles constituent des attaques contre la démocratie américaine, indigne d’un Président d’un pays même battus. Il est aussi question des attaques et les harcèlements contre leurs détracteurs et leurs opposants au moyens de trolls.
En attendant, l’ancien chef d’Etat a trouvé refuge sur le réseau Gab, connus pour ses tendances conservatrices et conspirationnistes. Il est suivi par 2 millions de personnes. Il continue de clamer sans preuves que l’élection a été truquée. Donald Trump a annoncé le lancement de sa propre plateforme avec « des dizaines de millions d’abonnés ». En fait, pour l’instant, il n’existe qu’un blog ajouté sur son site, avec les mêmes messages que sur Gab.
Crédit photo : Geralt