La fin d’un accord-cadre
Pour ceux qui ont trouvé un peu longues les négociations concernant le Brexit, que dire de l’abandon de cet accord-cadre de 34 pages englobant les quelque 120 accords bilatéraux en vigueur. Cela représente sept années de négociations qui sont mises de côté. En fait, les choses accrochent sur trois points.
Tout d’abord les aides d’État. Elles sont très, trop encadrées au sein de l’UE par rapport à l’usage qu’en font les Suisses. Ensuite, on retrouve certains aspects de la libre circulation des personnes de manière à écarter les Européens du droit de séjour permanent. Enfin, des questions relatives au niveau des salaires et l’accès aux assurances suisses ou des avantages supplémentaires liés à l’assurance-chômage.
Quand la politique intérieure interfère
Il reste que les principaux politiques suisses sont d’accord avec ce rejet. Électoralement parlant, il n’est pas très populaire. De nombreux helvétiques voient d’un mauvais œil les intrusions d’un cadre règlementaire européens. Cela choque dans un pays habitué a la démocratie directe. De plus, les eurosceptiques sont nombreux en Suisse. De fait, cet accord pourrait servir de base à une campagne des populistes qui s’appuie en partie sur cet euroscepticisme.
Des enjeux économiques importants
Cependant, la politique est une chose et l’économie en est une autre. Le refus de cet accord ne sera pas sans effet sur l’économie suisse. Il faut rappeler que ce projet n’a pas été mis sur la table sans raison valable pour les 2 camps. D’une part, il s’agit de mettre à la page les accords bilatéraux. Le but est d’éviter aux entreprises suisses de se heurter graduellement à de nouveaux obstacles. Comme le note l’article d’Avenir Suisse, trois secteurs-clés sont particulièrement touchés. Il s’agit de la technologue médicale, l’industrie des machines et l’industrie chimico-pharmaceutique. Et encore, ce ne sont là, que les secteurs principaux, les conséquences pourraient de faire sentir partout. Par exemple, cela va de la perte de ses privilèges de connexion au système électrique européen, a la protection des données pour le commerce en ligne. On peut rajouter les transports au travers de l’impact sur le ferroviaire. Mais aussi, la recherche avec les programmes de recherche européen qui dépendent du budget européen de longs termes.
Mais aussi des enjeux humains
D’un côté comme de l’autre, les enjeux sont importants. L’Union est le premier partenaire commercial des Helvètes. Nous parlons de 50 % de ses relations commerciales. Dans l’autre sens, la Suisse est le quatrième partenaire de l’UE. Cotés humain, le nombre de citoyens européens résidants en Suisse s’élève à plus de 1,4 million. 400 000 Suisses vivent dans les pays de l’UE. À cela, il faut rajouter que les travailleurs frontaliers en Suisse représentent environ 344 000 personnes.
Et maintenant..
Tous ces paramètres font apparaître que la Suisse est en réalité un membre de l’UE, qui ne veut pas le reconnaître. C’est pour cela que de manière contradictoire, les Suisses s’empressent de proposer d’ouvrir un dialogue au moment où il enterre une négociation. Comme souvent et pour d’autres pays, le marché européen apparaît très attractifs, mais les conditions d’entrée trop élevés. L’Europe est aussi un vrai sujet de politique interne et de repoussoir bien pratique pour éviter les sujets et les responsabilités qui fâchent. Il reste qu’avec l’épisode Brexit, il n’est pas question offrir aux Suisses un accès « à la carte » qui a été refusé aux Britanniques.
Crédit photo : Paul Weissen