Ce n’est hélas pas le premier à qui cela arrive. Le Premier ministre des Samoa, Tuilaepa Sailele Malielegaoi ne digère pas sa défaite électorale. Après 22 ans passés au pouvoir, il ne veut pas quitter son poste. Pour expliquer son attitude, il s’réfère en toute simplicité a Dieu. C’est lui qui l’aurait désigné pour conduire encore les affaires de l’Etat des Samoa.
Un état très religieux et conservateur
Il faut le comprendre, Tuilaepa Sailele Malielegaoi avait pour ainsi dire pris ses petites habitudes. Cet économiste de formation se voit plus maintenant en messie plutôt qu’en simple banal chef d’état. Il faut dire que les traditions sont fortes dans cette nation très conservatrice. Elle est aussi très religieuse avec une écrasante majorité protestante. En plus, les 220 000 habitants sont très respectueux des aines, donc a 76 ans, il pense avoir droit à un peu de considération, ne serait-ce que pour service rendu.
Un personnage incontournable de la jeune nation
En effet, Tuilaepa Sailele Malielegaoi domine la scène politique depuis 1982, date de son l’entrée au Parlement du Parti pour la protection des droits de l’homme (HRPP) de Tuilaepa Sailele Malielegaoi, ce parti préside aux destinées du pays depuis 1982.. En plus, d’être Premier ministre de cette monarchie constitutionnelle, il s’est auto-désigné ministre des Affaires étrangères et bien sûr, président de la Fédération de rugby des Samoa. C’est une fonction importante dans ce pays ou le rugby règne en maître.
Une fin de règne inconcevable
Et puis patatras, tout s’écroule lors des élections générales du 9 avril. Il a été battu par son ancienne alliée, Fiame Naomi Mata’afa. Elle a pris ses distances au moment où il a fait adopter des lois octroyant au gouvernement le contrôle du système judiciaire. Elle est devenue la cheffe de l’opposition, son parti a remporté, à la surprise générale, le scrutin. Pourtant, Tuilaepa Sailele Malielegaoi a d’abord utilisé des stratagèmes classiques pour éviter l’inévitable. Il a essayé de faire pencher le nombre de sièges au Parlement en sa faveur. Il a aussi tenté de convoquer un nouveau scrutin.
Finalement, il a même empêché l’investiture. En effet, Fiame Naomi Mata’afa et les juges chargés d’assister à sa prestation de serment pour devenir la première femme Premier ministre se sont vue refuser l’entrée dans la chambre de l’Assemblée législative. Le Secrétaire de l’Assemblée législative est sorti pour s’excuser, affirmant qu’il reçut ordre d’interdire au Parlement de siéger. Tout cela débouche sur une crise constitutionnelle, qui pourrait mettre en péril une démocratie encore jeune.
Quand le premier dirigeant n’est plus un simple mortel
Tout cela, ce sont de basses manœuvres sur le terrain, mais pour Tuilaepa Sailele Malielegaoi, les raisons de son maintien sont d’un autre ordres. En effet début mai, Tuilaepa Sailele Malielegaoi à affirmer à des journalistes qu’il ne se considérait pas comme un simple mortel. De fait, il a déclaré » S’ils veulent que je démissionne, qu’ils aillent prier dans une église au lieu de manifester devant le palais de justice !« . Il a rajouté « Le pouvoir judiciaire n’a aucune autorité sur ma nomination en tant que Premier ministre ».
Nouvel exemple de sa vision des choses, la semaine dernière, interrogé sur son éventuelle démission et sur la reconnaissance de la victoire électorale de ses adversaires, Tuilaepa Sailele Malielegaoi a répondu « S’ils viennent se mettre à genoux devant moi, j’y réfléchirai peut-être, mais pour l’instant, non ».
Tuilaepa Sailele Malielegaoi prend donc place au côté de tous ces « sympathiques dirigeants » qui évoluent de statuts de simple premier représentant élus aux stades intouchables de « guides » parfois spirituels et autres « petits pères des peuples », grand timonier etc,etc.. Un phénomène récurrent de leader auto-proclamé qui profitent d’un manque d’assurance démocratique de certains pays ou de moments troubles dans l’histoire.
Crédit photo : samoa_nouvel_an