Ça transpire !

L’Euro de football : un Français et des Russes pour une naissance en pleine Guerre froide

Certains vont peut-être l’oublier, mais une compétition comme l’Euro ne se limite pas à savoir si Benzema va jouer ou pas. Comme pour toutes grandes compétitions internationales, c’est aussi l’occasion de rencontres, de transactions et d’échanges entre les pays. L’histoire de l’Euro ne déroge pas a la règle et sa création est paradoxalement du en partie a un contexte difficile de guerre froide.

Un contexte international tendu

La compétition, qui s’est d’abord appelée Coupe d’Europe des nations a été créé en 1960. Les sixties restent dans les mémoires des pays occidentaux comme une époque un peu insouciante de croyance en un futur moderne et éclairée. C’est, pour certains d’entre nous, un peu vite oublier que ce fut aussi le temps de la guerre froide et son lot de peur de fin du monde sur fond atomique.

C’est pour cela que l’on retrouve la géopolitique derrière les premières rencontres de football dans le cadre de cette compétition. En effet, ce sont plus les pays de l’Est qui ont forcé pour établir ces confrontations sportives. Il s’agit de trouver un cadre officiel pour des matchs de football qui restent jusque ici le plus souvent « des rencontres amicales ». Au milieu des années 1950, il n’y a que la coupe du monde et ses qualifications qui a lieu tous les quatre ans pour faire rencontrer les sélections nationales.

Les occidentaux pas vraiment enthousiastes pour cette compétition

Seulement voilà, les occidentaux ne sont pas vraiment très chaud a l’idée de se confronter aux pays de l’Est comme on dit à l’époque. Ils ont plus à perdre qu’a gagner. Une victoire ferait figure de logique alors qu’une défaite serait aussitôt interprétée comme le signe indéfectible de la supériorité montante du communisme sur les empires décadents. Et même si Staline est mort et que les temps sont à la reprise du dialogue les fédérations de l’Ouest freinent des quatre fers devant l’idée d’un Euro. A commencer par la FIFA qui veut garder le contrôle  sur les compétitions et se demande ce que sera l’entrée en lice de fédérations qu’elle ne connaît guère.

Un Français à l’origine

C’est un Français qui va pousser les portes et faire avancer les choses. Il s’appelle Pierre Delaunay et il va agir en tant que secrétaire général de l’UEFA de 1956 à 1959. Cependant, son action a trouvé l’appui des fédérations des pays de l’Est. Les pays sentent que s’ils ont du mal à rivaliser au niveau des clubs, mais au niveau des nations le coup est jouable. Ils peuvent mieux rivaliser victorieusement et se donner une image triomphante.

La motivation des pays de l’Est

La mobilisation est extrême de l’autre côté du rideau de fer. Du coup, trois des quatre sélections participant à la phase finale de la première édition viennent de ce côté du mur. Il s’agit de la Yougoslavie, l’URSS, et la Tchécoslovaquie. Le but est même atteint puisque ce sera L’URSS qui va remporter la première édition.

Bien sûr, les livres d’histoires soviétiques ne retiendront pas que le général Franco refuse de voir la sélection espagnole se déplacer en Union soviétique pour y jouer le match de qualification pour la phase finale. Le général Franco reproche à l’URSS de détenir des Espagnols emprisonnés depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Il s’agit surtout d’une décision symbolique qui vise a mobiliser l’anti-communiste latent dans ce pays alors traditionaliste et très catholique. En attendant, l’équipe espagnole, la roja, qui compte dans ces rangs Alfredo Di Stéfano et Francisco Gento et Luis Suárez entre autre et qui fait figure de favorite, est éliminé sans jouer.

Et surtout de l’URSS

Du coup, l’Union soviétique continue son parcours et devient là première équipe à avoir remporté l’Euro. Une victoire confortée par la présence de Lev Yachine, le gardien emblématique de la sélection, seul portier vainqueur du Ballon d’Or, en 1963. L’histoire d’amour entre l’URSS et la compétition européenne va continuer, car le pays sera finaliste en 1964, 1972 et 1988. Une manière de prouver qu’en Europe, il faut compter avec les Russes.

L’histoire et parfois le football va continuer de montrer que cela est toujours d’actualité.

Crédit photo : Mitch Rosen

 

 

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La Rédaction