Les forces soviétiques de l’époque ont réussi à rester 10 ans, puis se sont retirées. De leur côté, les forces américaines et de l’OTAN sont restées stationnées en Afghanistan pendant 20 ans. En cette année Olympique, un très cynique constat pourrait faire dire : record à battre. Seulement, derrière tous ces chiffres et les grandes idées qui les ont alimentés, il y a de terribles tragédies humaines qui ont et vont continuer à se jouer. La faillite de cette occupation et l’échec de la mission sont, avant toute, idéologiques. Par la force ou par l’argent, on ne reste pas impunément quelque part sans proposer un réel espoir ou même un projet. Celui-ci doit prendre en compte les besoins du pays et les aspirations réelles de ces habitants.
Un « fatalisme » global face à la situation
A la lumière des événements, on a presque l’impression que les talibans reprennent une place qui leur appartient de droit. Pas de réelle opposition, une sorte de fatalisme général qui s’est révélé avec l’attitude d’une armée afghane pourtant entraînée. Elle s’est dispersée sans combat. Quant aux Américains, ils s’en vont tout simplement parce que c’est prévu.
Pas de vrais investissements
Pour expliquer cela, il y a des raisons très mercantiles et terre-à-terre. Par exemple, selon un rapport officiel américain, seulement 2 % d’un trillion de dollars dépensés par l’Amérique en 20 ans le furent réellement au bénéfice direct du peuple de ce pays. C’est évidemment très peu pour avoir une action significative et positive sur les infrastructures, la mise en place d’action fortes pour l’éducation ou l’éradication de la pauvreté. Concrètement, l’Afghanistan n’aura reçu en 20 ans que 130 milliards de dollars. Pire encore, dans cette somme 83 ont été affectés à la formation des forces de sécurité nationale, pour une efficacité visiblement nulle.
Corruption et manque d’action d’envergure
Ensuite, 10 autres milliards furent destinés à la lutte contre le trafic de drogue et 15 autres à des agences US opérant en territoire afghan. De fait, il semblerait que bien des intermédiaires directs ou indirects se soient servis. Ils l’ont fait au détriment de la construction d’écoles ou d’hôpitaux. Quasiment rien ne fut vraiment mis en place pour soulager le quotidien du peuple afghan. Pas ou peu de d’investissement en équipements agricoles ou pour l’édification d’un réseau de distribution de l’eau digne de ce nom, dans un pays portant très portés vers l’agriculture. En ce qui concerne les programmes de nutrition ou d’éducation, ils sont marginaux et laissées le plus souvent aux bons soins des ONG.
Et surtout manque d’idéologie et de vision pour le pays et son peuple
Au-delà de tout cela, les américains ont juste soutenus un gouvernement au prise avec 2 handicaps majeurs. D’une part, une méga-corruption. Et d’autre part une division des classes trop marquées. Aux yeux, de nombreux Afghans, un mélange s’est effectué entre démocratie, progressisme et capitalisme, occupation américaine. Du coup, le peuple et les soldats afghans n’avaient aucune base idéologique pour se battre. Il s’en est suivi un effondrement presque caricatural. Impossible de dissocier la critique des agents américains et le soutien des talibans. Ces derniers ont su mettre en avant les insuffisances des uns et mettre la religion comme solution nationaliste. Ils ont clairement une idée d’un État religieux et le mette en place avec force. De son côté, l’ex-gouvernement afghan n’a jamais pu dire clairement quel état il voulait et n’a donc pas réussi à le mettre en place avec conviction.
Les Talibans interdisent les cerf-volants a tous alors que le gouvernement n’a pas su faire s’envoler ceux d’une majorité d’Afghans.
Crédit photo : Sohaib Ghyasi