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Talibans : les fantômes des Bouddhas de Bâmiyân

Autres temps, autres moeurs, si sur le fond et hélas trop souvent sur la forme, les talibans de 2021 n’ont rien à envier ceux d’il y a 20 ans, en matière de communication et d’images, ils font un peu plus attention. Inutile de s’attirer les foudres médiatiques internationales pour des attitudes et des gestes sans véritables portés locales. C’est certainement, dans ce contexte que l’attitude Des autorités envers Bamiyan, la vallée mythique du centre de l’Afghanistan, a complètement changé. Cette fois, ils montent la garde près des cavités qui abritaient les deux fameux Bouddhas géants que leurs chefs et aînés ont pulvérisé à l’explosif en 2001.

2001, la destruction des statues idolatres

Nous sommes en 2001, un décret de Mohammed Omar considère les Bouddhas de Bâmiyân comme les statues idolâtres. Les talibans les détruisent au moyen d’explosifs et de tirs d’artillerie. En mars 2001, les deux statues avaient disparu après presque un mois de bombardement intensif. Le site tout entier est classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. La réaction internationale fut donc très vive. Parmi les fervents zélés de cette destruction, symbole de l’intolérance, de l’intégrisme du régime taliban, on retrouve la police de répression du vice et de promotion de la vertu et un certain Mohammad Hassan Akhund. Celui-ci a continué son ascension et c’est tout simplement l’actuel Premier ministre.

Pas de reconstruction et un laisser aller durant 20 ans

Depuis évidemment la situation n’a guère évoluée pour le site bien qu’en 2012, le fonds japonais Saatchi proposa de reconstruire les deux statues, à ses frais. Le gouvernement afghan de l’époque refusa fermement, ce n’était pas véritablement à leurs yeux un impératif et constituait plutôt une action sujette a controverse et mécontentement dans le pays.

Il reste que cette fois, pas question de toucher au site. En effet, il n’y a pas que les statues, la vallée de Bamiyan, nichée à 2.500 mètres d’altitude au cœur du massif de l’Hindou Kouch, est le point le plus occidental atteint par le bouddhisme. C’est un lieu de pèlerinage qui regorge de trésors archéologiques, plusieurs restent inexplorés.

2021 : fini la destruction, on préserve une source de revenu non-négligeable

Mohammad Hassan Akhund a certainement retenu quelques leçons de son attitude et de ses conséquences. Les talibans ont bien compris le traumatisme mondial créé par les images des Bouddhas détruits par les mortiers et les bombes. Il y avait dans ces images tout un condensé de la violence inutile qui s’abat sur des innocents et des innocentes de ce pays. Ainsi, depuis leur prise de pouvoir, les autorités talibanes insistent sur leur volonté de protéger l’exceptionnel patrimoine archéologique du pays. Enfin, de manière plus pragmatique, les talibans se sont aussi rendu compte que le patrimoine représente aussi une source de travail et de revenus. Une donnée importante alors que la situation économique du pays est désastreuse.

Un vecteur de discussion avec le monde occidental

C’est ainsi qu’ironiquement, 2 jeunes soldats dans une guérite, garde une plaque de bronze gravée, qui rappelle que Les Bouddhas de Bamiyan ont été détruite par les talibans en 2001. À ce propos, le jeune Saifurrahman Mohammadi nommé à la direction des Affaires culturelles de la province de Bamiyan jongle dans ses explications. A l’AFP, il se dédouane « J’étais très jeune. S’il l’a fait, à l’époque, l’Émirat islamique doit avoir ses raisons… Mais ce qui est certain, c’est que désormais, nous nous engageons à protéger le patrimoine historique de notre pays. C’est notre responsabilité ». Il faut maintenant négocier avec des responsables de l’Unesco repliés au Pakistan leur retour en Afghanistan, en leur garantissant bien sur leur sécurité.

Les statues des Bouddhas de Bâmiyân ont disparu, mais leurs esprits peut-être pas complètement.

Crédit photo : Nasim-Dadfar

 

 

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La Rédaction