Le football fait rêver depuis longtemps. Cela ne concerne pas seulement, les fans qui s’extasient sur la réussite de leurs équipes ou de leur star préférée. Il s’agit d’un véritable miroir aux alouettes pour tous les jeunes du monde entier en mal de réussite. Les médias n’en finissent pas de ressasser les exploits et les frasques de ceux qui sont devenus des icônes de la jeunesse. Cependant, le chemin pour parvenir au sommet est semé d’embûches et la réussite concerne bien peu d’élus pour une foule de prétendants. La sélection est sévère et ne se limite pas au seul talent. Dans des pays comme l’Egypte, elle commence déjà à la simple cotisation pour jouer.
En France pour jouer au football, on réclame une cotisation. De fait, la rengaine de début de saison se résume dans cette petite phrase « n’oubliez pas de payer votre licence ». En effet, pour pratiquer son sport favori et participer aux compétitions officielles, une licence fédérale est obligatoire.
La cotisation réclamée par un club englobe le prix de la licence. Cependant, elle sert aussi à financer une bonne partie des à-côtés. L’achat de shorts et de bas pour les compétitions officielles et du matériel d’entraînement. La cotisation participe au paiement des entraîneurs et l’affiliation à la Fédération. Cette affiliation est obligatoire pour tout club ayant la volonté de participer à des compétitions officielles. Enfin, payer une licence, c’est aussi le moyen d’être assuré en cas de blessure.
Tout cela, c’est le joyeux monde du football amateur en France, mais les choses ne sont pas aussi anodines partout. En Egypte par exemple, on exploite allégrement la volonté de nombreux enfants et de leurs familles pour leur soutirer de l’argent. À la différence de la France, ces cotisations ne sont plus l’œuvre de la Fédération, il s’agit d’un procédé développé par des investisseurs cherchant le profit. Cela accentue l’exclusion sociale, car hélas, les statuts de la Fédération égyptienne de football n’interdisent pas ces pratiques.
Comme dans tant d’autres pays en proie a des situations difficiles, de nombreux enfant voudraient faire comme la star Mohamed Salah, l’attaquant vedette de Liverpool ou Mohamed Elneny, qui joue à Arsenal. Comme dans le monde entier, le football est devenu le sport roi en Égypte et symbole de réussite sociale. Qui dit réussite, dit argent et de nombreux investisseurs sentent le bon coup à jouer. À la limite du hors-jeu, ils attendent toutes les bonnes occasions. Les clubs formateurs de jeunes réclament maintenant à chaque joueur une cotisation importante pour de nombreuses familles aux moyens limités. Impossible donc pour de nombreux jeunes garçons de continuer. Ils doivent alors quitter le club.
Ces dernières années, ces investisseurs se sont taillé une place importante dans l’univers du football pour les jeunes en Égypte. Ce sont eux les véritables gagnants de la situation. Par contre, cela élimine les joueurs issus de milieux pauvres n’ayant pas les moyens de payer pour jouer et à long terme, et bien sûr, affaiblit ’ensemble du football égyptien. Selon des observateurs avertis, plus de 60 % des clubs de première division sont affiliés à des entreprises de l’agroalimentaire, de l’industrie ou d’autres secteurs économiques. Cette constatation confirme la place croissante des entreprises dans le football professionnel, mais aussi a tous les étages.
Crédit photo : Konstantin Evdomikov