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Destructions de monuments en Ukraine : tout sauf des bavures

La guerre hélas, ne laisse que très peu de place au hasard. Une guerre totale, comme son nom l’indique, touche tous les secteurs. Les objectifs sont nombreux, militaires bien sur, politique, économique, mais aussi social et culturel. À la lumière cette constatation, on peut entrevoir dans certains cas, ce que l’on appelle les dommages collatéraux sous un autre jour.

Cibles précises plutôt que dommages collatéraux

Des massacres ou des destructions sont souvent présentées ainsi. Dans le premier cas comme le résultat d’un comportement barbare incontrôlé. Pour le second cas, ce sont des conséquences malheureuses annexes inévitables. En fait, les massacres sont souvent le fruit délibéré d’une pratique visant a effrayé la population. De son côté, la dévastation de monuments historiques peut être aussi un objectif clair et préparé. Il s’agit de réduire un patrimoine et donc d’affaiblir les symboles d’une identité.

Le discours russe officiel

Donc la Russie de Vladimir Poutine a envahi l’Ukraine pour l’aider à se remettre sur les rails et à retrouver ses racines et ses valeurs. Celles-ci sont d’ailleurs apparemment communes aux deux nations. Du moins c’est ce que le pouvoir russe met en avant pour justifier son comportement. En Russie et les pays alliés, c’est la version officielle et la seule admise. Cependant, comme souvent, en pareil cas, il apparaît toujours quelques voix, des faits discordants ou même des monuments rebelles.

Concernant les voix et les actions, la répression fait son travail par l’intermédiaire de la police ou des officines parallèles. Il reste les monuments qu’il s’agit de ne pas oublier et de ne minorer leurs importances. Tout d’abord, leur destruction pèse sur le moral des populations en plein conflit. Ensuite, leur disparition est aussi une étape pour la mise en place visuelle d’un nouveau discours. On oublie plus facilement, si quelque chose ne vous rafraîchit pas la mémoire régulièrement.

Les attaques ciblées de la Russie

Cela peut apparaître secondaire au milieu des combats, c’est pourtant important. De nombreux témoignages recensent des destructions volontaires de monuments, liées directement à l’affirmation d’une identité ukrainienne propre, distincte de l’identité russe. Le nombre de cas dépasse une simple évocation de dégâts collatéraux, ou d’erreurs de cibles. Par exemple, selon les observateurs locaux, le Musée d’histoire locale de la ville ukrainienne d’Ivankiv, a été touché. Ce bâtiment, qui regroupait des dizaines d’œuvres de l’artiste folklorique Maria Prymachenko, a fait partie des premiers bâtiments attaqués par les forces russes.

Mais la culture d’une nation ce n’est pas que ses monuments, il y a aussi les œuvres d’art de toute sorte et le plus important la pensée et sa transmission. On peut alors évoquer le bombardement de la Place de la Liberté à Kharkiv ainsi que de l’opéra, haut lieu de rencontres et d’échanges. Il n’y avait alors aucune cible militaire importante pour justifier cette attaque ciblée.

Une tactique déjà adoptée en Crimée

À ce stade, rappelons juste ce qui s’est passé lors de l’annexion par la Russie du territoire de Crimée. Dès le début de cette annexion, une loi a été adoptée considérant les objets et les monuments du territoire annexé font « partie intégrante de la richesse nationale et la propriété des peuples de la fédération russe ». Cela a permis l’appropriation de plus de 4 000 objets culturels. De plus, on a assisté à la destruction de noms de monument, parfois remplacés par des noms a la gloire de héros plus Russes, qu’Ukrainien.

Tout ceci n’est certainement pas qu’anecdotique, c’est clairement le reflet de la vision finale de tous ces événements qu’il convient de prendre en compte. S’il apparaît que Russes et Ukrainiens ont de quoi formé un seul peuple, ces destructions culturelles montre bien que le gouvernement russe actuel n’a pas l’intention que ce peuple vive en deux nations distinctes.

Crédit photo : Gleb Albovsky

 

 

 

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La Rédaction