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Wikipédia et Russie : connaissance et vérité

Si la Russie ne mène que des opérations spéciales en Ukraine, par contre elle mène une vraie guerre contre les médias qui ne partagent pas sa version des faits. C’est une nouvelle fois Wikipédia qui risque de faire les frais des attaques du gouvernement de Poutine. L’approche et les explications de l’encyclopédie concernant ce qui se passe en Ukraine sont jugées antirusse.

Roskomnadzor : la censure russe

À partir de là, cela ne rigole plus et si l’armée intervient sur le terrain Ukrainien, sur Internet, c’est Roskomnadzor qui défend les intérêts du gouvernement Russe. Celui-ci a été créé en 2008 par un décret présidentiel, quand le service fédéral de supervision des communications de masse, des télécommunications et de la protection du patrimoine culturel a été divisé en deux services depuis 2012, Roskomnadzor gère entre autre un registre unitaire de sites interdits. Cela lui permet d’infliger des amendes aux sites internet jugés non conformes aux intérêts de la Russie. Il peut également envoyer des mises en demeure. Il est demandé de faire des modifications plus simplement de retirer certaines pages sous peine de voir le site ralenti voir bloqué, de façon temporaire ou définitive.

Wikipédia en ligne de mire

Évidemment, on imagine facilement que Wikipédia, qui est la plus fournie et la plus utilisée des encyclopédies au monde est donc une cible très surveillée par ce service. Ce n’est donc pas la première fois que le Wikipédia Russe est menacé. Cette fois, Roskomnadzor évoque une injonction assortie d’une éventuelle amende dont le montant s’élève à 45 000 euros.

Une censure de plus en plus dure

Cela se rajoute à une longue liste de procédure visant à instaurer une censure de tous les instants. Censure d’autant plus active depuis l’invasion de l’Ukraine. On a déjà largement dépassé le cadre des avertissements, et des amendes. Par exemple, un éditeur très actif de Wikipédia a été arrêté pour diffusion de « contenu faux et antirusse« . Même chose en Biélorussie, qui est l’un des plus proches alliés de la Russie dans l’invasion. Un des éditeurs les plus prolifiques de Wikipédia en langue russe. Il avait réalisé plus de 200 000 contributions en près de dix ans. Il participait activement dans des débats sur les articles concernant l’Ukraine.

Guerre ou pas guerre ? Telle est la question ukrainienne

Bien sûr, des informations comme celles qui proviennent de Boutcha aggravent la censure. Selon le gouvernement russe, tenu responsable des faits, il s’agirait d’une mise en scène de la part de l’Ukraine. Depuis ces événements, plus que jamais, la guerre des images est une priorité pour Poutine. Le gouvernement russe a tout intérêt à continuer ses efforts en matière de contrôle de l’information.

Téléchargement en hausse

Du coup, tout s’accélère et après les menaces de censure, les Russes se sont mis à télécharger Wikipédia à la pelle. En ce moment, la Russie est le pays ou Wikipédia est le plus chargé. Avant l’invasion de l’Ukraine, elle faisait rarement partie du top 10, mais ce n’est plus le cas depuis le 24 février. Elle occupe depuis la première.

Le fichier de 29 gigaoctets contenant Wikipédia en russe a été rechargé plus de 100 000 fois au cours des quinze premiers jours de mars, ce qui représente une augmentation de plus de 4 000 par rapport à la première quinzaine de janvier.

Crédit photo : Glenn-carstens-peters

 

 

 

 

 

 

 

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La Rédaction