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Le sommeil biphasique : une pratique endormie depuis longtemps

Trouver ou retrouver le sommeil, voilà un souhait très moderne. De nombreux spécialistes, très bien intentionnés vont vous expliquer ce qu’il faut faire. Parmi ces conseils, on retrouve combien de temps, il vous faut dormir pour être en parfaite condition. Cependant, il ne faut pas oublier que comme de nombreuses choses, le sommeil n’a pas toujours été traiter de la même manière. Dormir d’une traite pendant 8 heures n’a pas toujours été la norme. On sait maintenant qu’avant la révolution industrielle, le sommeil était entrecoupé d’une pause vers minuit.

Une découverte ou plutôt une redécouverte

Cette révélation, qui ressemble plus à une redécouverte, a été faite de manière fortuite dans les années 1990 par un certain Roger Elkirch. Cet historien a trouvé de curieuses notes dans des actes juridiques des archives nationales à Londres. Les notes évoquent un état de “premier sommeil” et de “deuxième sommeil. Cela signifiait qu’en suivant au plus près les heures du soleil les gens allaient au lit vers 21 h, mais ils se réveillaient après minuit, pour une heure environ, et ensuite, ils se recouchaient.

Une pratique largement répandue

Loin d’être une pratique locale et isolée, cet intermède nocturne dans le sommeil a été confirmé ensuite par de nombreuse recherches dans le domaine. En tout, notre historien compile environ 2000 références similaires dans des écrits juridiques et de fiction. C’est le cas par exemple chez Homère, des auteurs antiques comme Plutarque et Tite-live et plus tard, Érasme. En différentes langues, on retrouve « premier somme », « primo sonno« , ou encore « morning sleep”.

Lorsque le bloc continu de huit heures s’est imposé, le sommeil biphasique tomba aux oubliettes. De fait, même les références furent oubliées ou réinterprétées. Des termes comme “premier somme » ne sont plus la première partie de la nuit, mais la phase initiale de l’endormissement, un synonyme de “sommeil léger”.

Se lever la nuit, mais pourquoi faire ?

Une question s’impose alors que faisait-on, au cours de cette heure nocturne. En fait un peu de tout, c’est l’occasion de finir quelques taches domestiques, entretenir le feu, prier, prendre soin du bétail, s’occuper d’un enfant malade. L’avantage, c’est que le reste de la maisonnée dort. Atout non-négligeable lorsque l’on sait que tout le monde ou presque vit et dort dans les mêmes pièces voir a plusieurs dans un même lit.

À partir de là, évidemment, l’activité qui vient aussitôt a l’esprit, même pour les plus puritains c‘est l’activité sexuelle. C’est pour cela que notre historien explique que “Plusieurs médecins étaient d’avis que c’était un moment de premier choix pour avoir des relations sexuelles”.

L’impact de la révolution industrielle

Tout cela fut changé par la révolution industrielle. Cette période de fort progrès économique, a eu deux effets majeurs. Le premier concerne l’apparition de l’éclairage artificiel. Celui-ci augmente la durée de luminosité quotidienne, et affranchis quelque peu notre rythme de vie de celui stricte du jour et de la nuit. Notre horloge biologique va intégrer d’autres paramètres qui vont influencer notre sommeil.

La deuxième conséquence de cette période, c’est que les mentalités vont changer. Les machines et la production vont mettre en avant des notions de rendement, d’efficacité et de ponctualité. Fini le « temps pour » la période ou « le moment de », tout devient une question d’heures de minutes et de secondes. Du coup ; le sommeil n’est plus une vague affaire de sommes, mais de celle de phases concrètes.

Qu’est-ce qui est le plus naturel ?

Au bout du compte, il convient de savoir qu’est qui est le plus naturel et le plus normal. À ce sujet, dans les années 1990, une étude est menée aux États-Unis, sous l’égide du National Institute of Mental Health. Elle a concerné une quinzaine de sujets, qui furent privés d’éclairage naturel pour observer l’évolution de leur sommeil. Celui-ci devient biphasique au bout de 3 semaines. Le même constat est obtenu en 2017 en étudiant le sommeil des habitants d’un village agraire sans électricité de Madagascar.

A contrario, il faut aussi noter que d’autres études récentes observent en revanche un sommeil continu dans des cultures pré-industrielles, en Afrique et en Amérique du Sud.

Comme toujours pas question de normal ou d’anormal, mais plus une question d’adapté ou pas adapté. Une bonne nouvelle pour les insomniaques, ils ne sont pas anormaux, mais ils se sont juste tromper d’époque. Ils peuvent donc se rendormir tranquillement.

Crédit photo : lux graves

 

 

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La Rédaction