Le conflit en Ukraine met sur la sellette, ce que l’on appelle les oligarques russes. Avec eux, on plonge directement dans ce que le capitalisme brut produit dans sa version la plus démesurée et la plus ostentatoire. Une véritable course au gigantisme, une débauche de luxe loin des aléas et des difficultés. Ces ultra-riches se prélassent à bord de leurs yachts et de leurs jets privés, loin de l’Occident, ils se planquent dans les paradis fiscaux.
Poutine et sa cohorte d’oligarques russes
L’exil de ces milliardaires n’a rien d’anecdotique, parmi tous ces magnifiques bateaux, il y a celui de Vladimir Poutine. En la matière, il reste le maître et un modèle. Par exemple, Son Yacht est estimé à 100 millions de dollars. Il a bien pris soin de planquer son bateau en partant du port de Hambourg mi-février alors que ses réparations n’étaient pas terminées. Il apparait plus soucieux précieux super yacht que des peuples ukrainiens et russes. Pour les autres oligarques, ils sont aux ordres et aux diapasons. Ils ont bénéficié de 15 ans de complaisance politique mondiale.
Du pur communisme au capitalisme dur
Tout ceci n’est pas nouveau et les événements tragiques de ces derniers jours n’ont fait que mettre le projecteur sur le dépeçage de l’industrie soviétique et sa privatisation. Du coup, les cinq cents plus grosses fortunes russes contrôlent 40 % de la richesse nationale. Après avoir prôné le communisme et la partage de la richesse, La Russie a abandonné toute ambition de redistribution. L’argent accumulé est dilapidé ailleurs. 60 % de la fortune des résidents russes les plus riches est détenue dans des paradis fiscaux. La moitié du PIB russe est détenue à l’étranger.
La mise en lumière des paradis fiscaux
La guerre en Ukraine peut faire changer les choses. Le gel des avoirs des oligarques est inédit par son ampleur. Ceci montre qu’une régulation internationale est possible. Cela passerait par exemple par un cadastre financier international pour contrôler les flux d’argent à travers le monde et mieux réguler le secteur financier.
Paradis fiscal comment ça marche ?
De fait, on entend souvent parler de pays auquel on associe le terme de paradis fiscal. Plusieurs de ces territoires ont été répertoriés sur une liste noire dressée par l’Union européenne. Pour devenir un paradis fiscal, un territoire a recours un ensemble de critères démontrant l’existence de lois et pratiques fiscales caractéristiques.
Il s’agit d’abord d’avantages fiscaux sans qu’il n’y ait aucune obligation d’une réelle activité sur place. À cela, il faut rajouter un très faible taux d’imposition, parfois même nul. Enfin et surtout une absence de transparence. Ces territoires empêchent l’échange automatique d’informations entre les administrations des différents pays. Il s’agit de dispositions prises afin de masquer l’identité réelle des détenteurs d’actifs ou d’entreprises.
Paradis fiscal, les avantages
Cette opacité sur les montages financiers est l’attrait numéro un pour attirer les fortunes sur ces territoires. On utilise pour cela un « trust », qui permet de transférer des capitaux et des biens à une autre entité chargée de les gérer pour le compte d’un bénéficiaire. Les montages financiers autorisés dans un paradis fiscal permettent de ne pas déclarer celui qui a constitué le trust. Grâce à ces montages complexes, les bénéficiaires réels sont extrêmement difficiles à identifier. Les entreprises internationales ou les groupes de sociétés vont quant à eux déclarer la marge des bénéfices dans des sociétés offshores, domiciliées justement dans ces paradis fiscaux. Ces pays disposant en effet d’une législation volontairement opaque, la communication de l’information vers le pays de résidence du contribuable sera difficile, voire presque impossible à établir.
Fraude et optimisation fiscale
Si la fraude fiscale est un délit, passible de lourdes sanctions. On peut tout de même se tourner vers l’optimisation fiscale, qui a un caractère légal. Elle a pour but d’exploiter les failles de certaines réglementations pour réduire l’imposition des sociétés. Ainsi, des multinationales vont localiser leur siège social dans des paradis fiscaux dont les taux d’imposition sur les sociétés seront bien plus faibles. Ceci est parfaitement légal, même si c’est moralement douteux.
Pour tout cela, il n’y a pas que les oligarques russes qui le pratique. Ils ne sont que des signes extérieurs de fraude et de complaisance qui se moque royalement de la misère des autres pour le bonheur des uns.
Crédit photo : Sharon-Mccutcheon