Poli-tic What else ?

Aux États-Unis, la poussée des extrêmes au centre des débats

Il n’y a pas qu’en France que le discours politique se radicalise. Aux Etats-Unis, aussi, le paysage politique fait de plus en plus la part belle aux extrêmes. À gauche, on voit poindre des démocrates ouvertement socialistes. À gauche, on voit poindre des démocrates ouvertement socialistes. De quoi questionner les analystes politiques qui révèlent que jamais l’écart entre les deux grands partis n’avait été aussi grand depuis 50 ans. Cependant, il est a noté que si cette tendance s’affirme plus actuellement, elle ne date pas vraiment d’hier.

Des échéances électorales dans quelques mois

Dans 6 mois, on sera déjà à la moitié du mandat de Joe Biden, évidemment les événements en Ukraine prennent toutes leurs places dans les médias. Cependant, on ne peut pas passer outre et ignorer le durcissement du discours public. De nombreuses prises de position, des actions et des profils de candidats très radicales montrent que depuis le début du mois de mai, lancement officiel du bal des primaires de mi-mandat, les deux camps se radicalisent. Ces élections détermineront l’équilibre des forces politiques aux États-Unis pour les prochaines années.

Un discours plus musclé à droite 

À droite, ce sont des républicains poussés par Trump et qui affichent souvent un conspirationniste décomplexé, qui tirent leurs épingles du jeu. Ils deviennent de plus en plus nombreux, face à des conservateurs plus modérés, inquiets de voir les idées centristes et les recherches de compromis être mis de côté. Par exemple, une candidate n’hésite pas à appeler à la dissolution du Ministère américain de l’éducation, à la destitution du président Joe Biden et à l’arrestation du conseiller de la Maison-Blanche sur le Covid-19. En Pennsylvanie, le sénateur local Doug Mastriano, maintiens toujours que la présidentielle de 2020 a été « volée » à Donald Trump, il a décroché la nomination de son parti pour briguer, en novembre, le poste de gouverneur.

Un discours plus costaud à gauche

À gauche, le même phénomène amènent sur le devant, des idées jusqu’ici très marginales. On parle clairement de socialisme, un mot pourtant jusque ici bien imprégnés de multiples tares et de synonyme de Guerre froide. En Pennsylvanie, une démocrate, ouvertement, va décrocher l’investiture de son parti pour un siège à la Chambre des représentants.

Autre exemple de radicalisation chez les démocrates avec la jeune Alexandria Ocasio-Cortez (32 ans) poussée par le groupe Justice Democrats. L’élue de New York aux 8,5 millions d’abonnés sur Instagram est le membre la plus connue d’un groupe de 4 femmes , le Squad qui représente une aile très à gauche du clan démocrate. Elles sont régulièrement en porte-à-faux avec les élus les plus Centristes du parti. C’est cette frange démocrate, qui devrait gagner des sièges et de l’influence lors des élections législatives de novembre.

Le centre mis de côté

Pour être honnête donc ce phénomène n’est pas vraiment nouveau, il date de la prise de pouvoir de la famille Bush, mais il s’amplifie et une analyse du Pew Research Center révèle que démocrates et républicains sont plus éloignés politiquement aujourd’hui qu’à n’importe quel moment au cours des 50 dernières années. Cela coïncide évidemment avec une lente décadence du centre.

Un phénomène qui s’amplifie

Dans les raisons invoquées on ne trouve pas que des spécificités lies aux Etats-Unis. Comme dans d’autres pays, les discours et les prises de positions simplistes, extrêmes et sans nuances sont plus faciles à imposer dans une communication qui se veut de plus en plus rapide et courte. La nuance, l’explication, la négociation, la prise en compte de nombreux paramètres et le long terme n’ont plus la cote. Cependant, aux Etats-Unis, il faut rajouter une forte tendance a ne prendre en compte que la victoire et le vainqueur. Qu’importe le flacon pourvue qu’on ai l’ivresse, la victoire est souvent vu comme la preuve de sa pertinence et de son bon droit.

L’argent toujours l’argent

A cela, il faut aussi rajouter qu’au pays du dollar, les élections sont devenues extraordinairement chères. Il faut donc très vite ramasser un maximum d’argent auprès d’un maximum de personnes. Une forme de populisme de fond s’installe pour collecter de l’argent auprès d’Américains ordinaires. Cela sous-entend de prendre des positions souvent faciles, polémiques et donc médiatiques. Elles doivent être agréables à entendre sans trop se soucier de la véracité de l’ensemble.

Un phénomène-spectacle déjà en tournée chez nous pour les prochaines représentations-élections

Ne nous trompons pas, ce qui arrive là-bas se passe ou va se passer aussi chez nous. En France, les extrêmes sont présentes depuis longtemps, mais leur audience et leur manière de faire se répandent. Nous pourrions prendre comme exemple le pourrissement du débat public par des chaînes d’informations « ultrapolarisées« . Celles-là même qui bizarrement se targuent volontiers d’un anti-américanisme de bon aloi. Cela ne les empêche pas de copier leurs méthodes, leurs manières de faire, et de prendre même un nom en Anglaisnon pardon en Américain.

Crédit photo : Robert-Linder

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La Rédaction