Souvent, nous sommes contents de savoir que certaines choses perdurent. Hélas, lorsqu’il s’agit d’illettrisme, nous sommes moins heureux de savoir que cela ne s’arrange pas. En France, le nombre de jeunes en situation d’illettrisme est loin d’être négligeable et il ne s’améliore pas. C’est un récent rapport de l’inspection générale de l’éducation dépendant du ministère de l’Éducation nationale qui fait cette constatation très inquiétante. Ce rapport établit qu’un jeune sur dix éprouverait de « fortes difficultés en lecture ».
Un nouveau rapport qui inquiète
Plus exactement, concernant les jeunes de 16 ans, ils sont 35 000, soit 5 % de cette classe d’âge à ne pas pouvoir correctement lire un texte de plusieurs lignes en entier. Le rapport s’inquiète aussi du manque de prise en charge et de réactions concrètes face à cette situation. Il semblerait pourtant que les acteurs sur le terrain comme les instituteurs du primaire ou les professeurs des collèges ne manquent pas de faire remonter leurs inquiétudes. Tout ceci resterait lettres mortes ou serait tout simplement ignorés.
L’illettrisme, des enjeux importants
Cette situation est d’autant plus tragique, quand on sait qu’en matière d’éducation, de culture, de savoir nous sommes, de plus en plus, abreuvés d’informations provenant de partout. Il est toujours plus urgent de pouvoir déchiffrer correctement ce flux. Comme d’habitude, ceux qui ne pourront pas le faire seront les victimes. Comme lorsque l’information ne passe pas, quand elle passe trop facilement, ceux qui n’ont pas accès à la lecture sont défavorisés.
Un problème récurrent
A ce stade de la constatation, il faut tout de suite mettre de côté des réflexions faciles. Celles qui ravissent les nostalgiques, mais ne font pas avancer les choses. Si on peut regretter que les choses ne s’arrangent pas, évitons-le « , c’était mieux avant » ou « de mon temps » L’illettrisme a hélas toujours été de mise. Ces tristes constats se répètent de manière constante depuis la fin des années 80. Claude Lelièvre, historien de l’Éducation, explique « Depuis que l’illettrisme est évalué en France, les chiffres sont les mêmes : 80 % de lecteurs satisfaisants, 15 % en difficulté et 5 % qui sont totalement hors champ ». Fort est de constater qu’il y a toujours eu deux élèves sur cinq en difficulté vis à vis de la lecture et du calcul mental. Mais maintenant on ne les « cache » plus, car il y a bien moins de métiers qui leur permettaient de se réaliser malgré cela.
A la recherche de la solution miracle et illusoire
Le niveau scolaire des élèves français, est régulièrement pointé du doigt. Il est aussi l’enjeu de vision politique qui parfois empêche de vraiment regarder les choses en face. On rejoue un peu trop souvent le match caricatural entre progressistes et traditionalistes. En fait, de nombreuses inégalités du niveau de lecture se retrouvent entre les différentes régions. On passe de 4.6 à Paris a 17.9% de jeunes qui ont des difficultés de lecture dans l’Aisne, et meme 28 % en Guadeloupe, 46.6% en Guyane et 71.1% à Mayotte.
L’illettrisme, un problème qui dépasse le cadre scolaire
Ces différences entre régions prouvent bien que l’illettrisme ne se combat pas simplement avec une méthode miracle. Il est indispensable de comprendre que l’illettrisme n’est pas simplement le fruit d’un apprentissage se limitant au cadre scolaire. L’assimilation de la lecture est tributaire comme bien d’autres choses. Cela englobe l’origine sociale, un rapport global avec la culture et passe a la base par une aisance à l’oral. Rappelons que l’école n’est qu’une composante de l’éducation de nos enfants.
Vers une école plus réactive
Face à cela, il convient de toujours mieux cerner les besoins et les aspects pratiques dans un monde qui évolue de plus en plus vite. Comme souvent plus on intervient tôt et plus l’efficacité est grande. Le rapport insiste sur la mise en place plus fréquente de tests. Une meilleure coordination des dispositifs qui existent déjà. Il réclame aussi de mettre l’accent sur la formation des professeurs. Il ne s’agit pas une nouvelle fois de tirer à boulets rouges sur les enseignants, mais bien de prendre en considération leurs problématiques. Bien, il faut ensuite leur donné les moyens d’y répondre efficacement. Par exemple, il faut réévaluer l’importance du passage de la maternelle à la primaire. De même, il serait peut-être temps de rendre un peu plus hommage au travail à faire dans ce que l’on appelle encore les « petites classes ».
Crédit photo : mikolaj-DCzpr09cTXY
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