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Jacquie et Michel : les affaires du porno pour mateur mais pas amateur

Inutile de faire les présentations, tout le monde connaît ou a un ami qui connaît ou a vaguement entendu parler de Jacquie et Michel. Le site porno bien de chez nous, a la Française, avec des vidéos qui sentent si bon le terroir. C’est bien simple, ça pourrait être la voisine, la grosse coch.. Que l’on voit entre trois amis qui lui font le plaisir de lui organiser une partouze derrière l’étable. D’ailleurs, elle remercie Jacquie et Michel pour ce bon moment. Enfin, tout le monde ne leur dit pas merci. C’est pourquoi Michel Piron, le patron du site, a été placé en garde à vue, avec sa femme et trois acteurs. C’est la deuxième procédure d’ampleur qui cible les violences sexuelles commises sur les tournages.

Jacquie et Michelle, le petit site qui monte, qui monte..

Tout d’abord, élargissons le champ de la camera pour comprendre la réalité qui se cache derrière Michel et pas véritablement Jacquie. Comme souvent, au cinéma, si on peut appeler cela du cinéma, ce que l’on voit à l’écran n’est pas la réalité des choses. La version « soft » de la création du site évoque un couple d’instituteurs libertins. Le couple aurait monté à la fin des années 1990 un petit site presque pour un usage restreint » entre potes » en quelques sortes. Il s’agit, afin d’y échanger des clichés dénudés avec d’autres adeptes de l’exhibitionnisme en ligne. Apparemment cela en fait « bander » plus d’un et le succès arrive. De fait, le site les occupe à plein temps notre couple et devient leur gagne-pain. Jacquie et Michel, devient l’un des deux plus grands groupes français de porno avec Marc Dorcel.

Michel, mais pas de Jacquie

Pour en savoir plus, il faut enlever le haut et le conte de fée vire au compte de fesses. Tout d’abord, Jacquie n’existe pas, c’est une invention pour faire « plus de chez nous ». La femme de Michel, se prénomme Araceli. D’ailleurs, c’est à son nom qu’est créée, en 2002, la première entreprise, dans un petit village de la banlieue de Tarbes. L’affaire va ensuite devenir familiale, car Michel Piron, a passé en partie la main à son fils Thibaut à la fin des années 2010.

Pas d’amateurisme dans les affaires..

Ensuite, on enlève le haut, fini la petite start-up porno sympathique et l’amateurisme de façade. Sur le plan des affaires, les structures se multiplient avec la création, en 2012, du groupe, TCP Conseil, bientôt rebaptisée « Tawenda« , puis Ares. C’est cette SARL, créée par Michel Piron, qui possède les « marques » Jacquie et Michel et leurs déclinaisons. L’entreprise emploie une cinquantaine de personnes entre la région parisienne et Pau. On travaille et on s’active pour rester à la pointe de l’innovation et des tendances. Il ne s’agit pas de rater les évolutions du secteur. Une vraie réussite commerciale, qui assure la prospérité. Elle permet même de racheter des géants historiques du secteur, comme l’éditeur Colmax, en 2019.

Et même a l’international

Finalement, loin de se retrouver à poil, aux abords des années 2020Jacquie et Michel , c’est une cinquantaine de sites Web. Athenala holding du couple Piron et de Thibault, le fils contrôle de nombreuses autres filiales, en France ou à l’étranger. La famille Piron a ainsi placé des billes en Hongrie, où une société diffuse des versions anglophones de leurs productions, ou plus récemment en Espagne.

Plus d’amateurisme dans les tournages..

Cependant, il faut encore aller plus loin pour mieux comprendre ce que la justice reproche à Michel sans Jacquie. En fait, Jacquie s’appelle Abel E. Celui-ci dirige sa propre société et fait affaire avec des autoentrepreneurs. Tout ceci permet de mettre de la distance théorique entre la société Jacquie et Michel et les personnes que l’on voit dans les vidéos « amateurs » sur son site. C’est sur ce rôle de simple « diffuseur  » que le site se retranche pour le procès. Il indique ne pas être au courant des horribles conditions dans lesquelles certaines scènes sont tournées. Il faut voir cela avec les producteurs indépendants qui les réalisent.

Du rififi dans le porno

Évidemment, cette version est contestée par de nombreux acteurs et producteurs. Ceux-ci affirment que Michel Piron et ses collaborateurs directs donnent clairement des directives. En particulier, pour les vidéos dites « pro-am » (les acteurs sont censés être professionnels et les actrices amatrices.). Ils font des commandes précises en matière de contenus et des choix de participantes. Le concept est d’une redoutable efficacité et fait la force du groupe. Des réalisations à faible coût, l’actrice étant très peu rémunérée, avec des pratiques sexuelles séquencées dans le même ordre et avec toujours la même durée. Cette réussite se fait donc sur les dos (ou une autre position) de jeunes actrices amatrices faiblement rémunérées. Elles sont parfois obligées de faire des scènes non prévues à la base. Certaines finissent par regretter le tournage. Elles n’ont pas vraiment réalisé l’impact que cela peut avoir sur leur vie privée. Certaines vidéos ont, pour leur malheur, plus de succès que prévue. Elles se retrouvent à payer, pour faire retirer leurs vidéos, un prix supérieur à ce qu’elles ont touché sur le moment.

Marketing, Marketing


Pour terminer, notons que la scène qui termine les vidéos ponctuées d’un « on dit merci qui ? Merci Jacquie et Michel !  » n’a rien de gratuit. C’est avant tout une trouvaille marketing qui avait pour objectif au début de protéger les vidéos du piratage massif en ligne, en apposant le nom du groupe.

Pas de hasards, plus d’amateurisme, juste une belle mécanique pornographique commerciale, qui profite de la détresse et la naïveté de beaucoup.

Crédit photo : Romi-Yusardi

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La Rédaction