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Le vote LGBT suit la tendance et se « droitise »

Nous naviguons tous dans un océan de préjugés, certains plus que d’autres peut-être ? En fait, il faut convenir que certains en sont plus conscients que d’autres. De plus certains préjugés sont moins voyants ou moins sous le feu de la tendance du moment. Les élections sont un moment privilégiées pour analyser plus finement les différences entre les tendances et la réalité. Par exemple, une étude du CEVIPOF indique que l’orientation ne nous amènent moins systématiquement sur des choix établis et répétitifs.

Être homo, comme d’autres facteurs, influe sur notre vote

Pourtant la question de savoir si le vote LGBT reste spécifique, mérite toujours d’être posée, car l’expérience homosexuelle est suffisamment forte pour affirmer des convictions politiques. Notons que les électeurs gays et les électrices lesbiennes reproduisent moins le vote de leurs parents que le reste des votants. De plus, les rencontres sexuelles, amoureuses et militantes tendent à changer la façon de penser, et de voter de nombreuses personnes LGB.

Le vote homosexuel suit les tendances globales

Tout d’abord, il faut prendre en considération deux choses. Premièrement, si les préjugés sont nombreux sur la question, par contre les études universitaires et précises sont assez rares. Deuxièmement, il ne faut plus considérer un seul vote LGBT global, mais bien des votes LGBT extrêmement genré et variables en fonction du degré d’éloignement de la norme hétérosexuelle. De fait et c’est plutôt une bonne chose, le vote LGBT se confond de plus en plus avec le vote global et peut-être considérer comme un révélateur de la normalisation de l’homosexualité en France.

Un vote plus réac

Globalement, l’analyse du vote de ces dernières élections démonte l’aspect progressiste voir gauchiste à outrance du vote homosexuel. Bien sûr, le vote des femmes bisexuelles et celui des lesbiennes, reste très ancré à gauche et à l’extrême gauche. Cependant, on observe par exemple un désenchantement assez général des minorités sexuelles à l’égard d’Emmanuel Macron et de ses candidats. Ceux-ci n’ont pas visiblement assez œuvré pour la cause.

Le RN ratisse large

Par contre, a l’autre bout de l’échiquier, le RN est quant à lui le premier parti chez les couples mariés homosexuels. Un résultat qui s’explique partiellement, par la surreprésentation des hommes dans les couples gays, alors que les hommes votent davantage RN, que les femmes. Autre facteur qui peut jouer dans le cas du FN, une représentation assez forte de personnalités homosexuelles au sein de la direction frontiste, ainsi que le ralliement spectaculaire de certains activistes gays au RN. Pour finir, l’arrivée d’Éric Zemmour a focalisé sur lui, la lutte contre le supposé « lobby LGBT » et a permis à Marine Le Pen d’assouplir, sans vraiment se renier, sa ligne politique, et de la mettre plus en phase avec ses ambitions d’ouverture du parti.

Le discours homonationaliste

C’est là qu’intervient un nouveau discours homonationaliste, contraction d’homosexualité et nationalisme. Ce concept a l’avantage de rassurer l’électorat LGB, sans lui accorder plus de considération et maintient une xénophobie ambiante. Le principe est de valoriser une société occidentale où chacun est libre de vivre pleinement sa sexualité à des cultures du Moyen-Orient répressives, homogénéisées et caricaturé.

Le danger, c’est l’étranger

On décline alors, le concept de conflit de civilisation en direction des minorités sexuelles. Celles-ci étant les victimes à protéger des populations immigrées, qui deviennent le symbole de l’intolérance. On retrouve cela dans le cadre du fémonationisme, qui consiste à opposer une société occidentale valorisée et tolérante où les femmes sont libres et respectées à des envahisseurs supposés, des migrants porteurs de valeurs radicalement opposées aux nôtres.

Être plus royaliste que le roi

Notons pour terminer un phénomène classique, bien connu des sociologues qui fait que des minorités se montrent parfois plus conservatrices et plus radicales pour mieux correspondre aux attentes de la société. Il s’agit surtout de rentrer dans le rang, d’être conforme aux normes sociales et d’être mieux vu qu’une autre minorité.

Un phénomène européen, et même mondial

On retrouve ce même discours chez les partis d’extrême droite norvégiens et néerlandais. Aux Pays-Bas, Geert Wilders, le leader du Parti pour la Liberté, un des plus conservateurs du pays, impute donc les LGBTphobies aux personnes musulmanes. 

Crédit photo : Staou

 

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La Rédaction