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Les méduses : envahissante, irritante, mais peut-être un jour indispensable

Comme chaque été, dans le feuilleton de nos vacances a la plage, elles reviennent dans le rôle des méchantes. Ces empêcheuses de baigner en rond, ce sont les méduses. Tout le monde connaît les effets désastreux de leurs piqûres particulièrement douloureuses. Avec les grosses chaleurs, c’est un des fléaux du littoral méditerranéen. Tout cela nous fait dire souvent, mais pourquoi de tels animaux existent. En fait si pour certains, c’est tout simplement une impénétrable voie du seigneur, pour les scientifiques, c’est avant tout une espèce dont l’étude a fait avancer la science et  qui laisse entrevoir des utilisations multiples.

Une vie au grès des courants

Sapristi ! Se disait cette année la une certaine Valérie en voyant, dans le giron d’eau de son Bernard, des méduses. Il faut dire qu’il y en avait partout. Logiquement, les méduses passent plus au large, mais parfois certains flux les ramènent vers la cote. Le reste de l’année, elles sont présentes, dans un courant qui fait le tour de la Méditerranée. En effet, elles sont capables de flotter et nager, mais pas de résister aux courants marins.

Une présence qui irrite les baigneurs

Pour baigneur, en croisée peu rapidement devenir un souvenir cuisant. Couverts de cellules urticantes, les cnidocytes, les tentacules des méduses ont effleuré son front, libérant de minuscules harpons qui injecte un cocktail de venin. Ces animaux aveugles piquent tout ce qu’ils touchent pour essayer de manger. Ils injectent des neurotoxines pour immobiliser leur proie, et des enzymes de digestion ».

Pas une raison pour se pisser dessus

Résultat, des brûlures que l’on ressent durant plusieurs jours. Cela donne ainsi une nouvelle occasion de partager un peu tout et n’importe quoi sur les fameuses méthodes pour calmer les douleurs d’après-piqûres. On élimine l’idée d’uriner sur la plaie. C’est totalement inefficace, et même dangereux. Au lieu de soulager la piqûre, l’urine peut faire éclater les fameux nématocystes remplis de venin et augmenter la douleur. Commencez par retirer les fragments de filaments laissés sur la peau avec un objet fin, surtout pas avec ses doigts ou en passant du sable fin dessus. Ensuite, rincez abondamment la plaie avec de l’eau de mer. N’utilisez pas d’eau douce, car elle ne ferait qu’accentuer la douleur. De l’eau vinaigrée ou citronnée peut aussi faire l’affaire. L’acidité permet de décoller délicatement les filaments de l’animal sans les faire éclater.

La méduse, l’amie des prix Nobels

Mais revenons à notre méduse, Constituées de 95 à 98 % d’eau, dépourvues de cerveau, capables de flotter et de nager, mais pas de résister aux courants marins, elles font partie du zooplancton.

Elles ont aussi permis des avancées scientifiques notables. Deux prix Nobel peuvent lui dire merci. En 1913, le prix Nobel de médecine a récompensé des travaux sur le fonctionnement du venin de cousines de méduses. Elles ont permis de comprendre « le choc anaphylactique ». C’est-à-dire le principe que le venin diminue au lieu de renforcer l’immunité des personnes déjà piquées. C’était à l’époque une pensée révolutionnaire au moment où tout le monde était plutôt dans l’idée que plus on s’expose à quelque chose, moins on y est sensible.

En 2008, un second prix Nobel, de chimie cette fois-ci, a couronné des travaux sur la capacité de certaines méduses à briller dans le noir, via une protéine. Cette fluorescence a été utilisée par de nombreux biochimistes, biologistes et chercheurs en médecine dans leurs recherches, notamment sur les tumeurs ou la maladie d’Alzheimer, avait souligné en 2008 le comité Nobel.

Et de la science en général

Ensuite, les méduses font partie vols spatiaux de La Nasa. C’est l’occasion d’étudier leur reproduction en apesanteur. Enfin, l’Union européenne a lancé un appel à projets en 2017 pour étudier comment en tirer profit dans les secteurs de l’alimentation, la fertilisation, la cosmétique ou la dépollution.

Car les méduses servent déjà à plein de choses. On en retrouve dans l’alimentation de poissons d’aquaculture, pour faire des engrais ou du stabilisant d’humidité pour les sols des cultures dans le monde. Leur collagène est utilisé dans les cosmétiques, les couches-culottes ou les tampons hygiéniques. L’étude à la mode, actuellement, est celle « du mucus de méduse », composé d’une molécule qui « semble favoriser la repousse des cartilages » humains.

La méduse, prête à être servie à toutes les sauces

Tout ceci va dans le sens d’une large consommation qui ne sera pas de trop en cas d’une prolifération telle qu’elle pourrait provoquerait une « gélification » des océans, selon un rapport de septembre 2019 du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (Giec). En 2013, l‘Organisation des Nations unies pour l’alimentation (FAO) recommandait de les manger, pour lutter contre leur prolifération. Cependant, il ne suffit pas de traiter les conséquences, il vaut mieux s’attaquer aux causes de la maladie originelle, qui est la raréfaction des poissons du fait de la surpêche. Elle élimine leurs prédateurs comme les thons ou les tortues.

Crédit photo : Maia-Leleu

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La Rédaction