Et voilà l’été, les vacances, le soleil, la plage et les soirées à n’en plus finir. Mais parfois, c’est aussi un peu de calme après une insolation ou la cuite de la veille. Dans ce cas, c‘est canapé et télévision au calme, volets clos avec un ventilateur pour partenaire. La fatigue ne nous donne pas la force de choisir un film sur Netflix alors on zappe bêtement. C’est l’été et on assiste alors à un vaste mouvement « revival ». Les rediffusions vont bon train. On se dit que l’on va bien tomber sur Louis de Funès, Fernandel, Bourvil ou Jean Gabin. Ce sont les films que l’on revoit le plus à la télévision. Erreur grave, un classement démontre que les trois films les plus passés à la télévision ne sont pas ceux que l’on croit.
Pas de De Funes a l’horizon
En fait, on se souvient de Louis de Funes, car ces films ont le pouvoir de faire tout oublier. Le succès est basé sur la certitude que l’on a de toucher tous les publics avec ses films. Tout le monde y passe, et donc une majorité adore. Cela permet une discussion consensuelle. Les bourgeois, les prolétaires, les immigrés, les gens de droite, de gauche, et toutes les générations se sentent concernés. Cependant, cela ne suffit pas pour être le film le plus passé à la télévision. Le CNC (centre national du cinéma et de l’image animée) s’est penché sur le sujet et recense le nombre de diffusions des films à la télévision gratuite depuis 1957.
And the winner is..
Et ô, surprise, pas de Gendarme de Saint-Tropez ou de Corniaud a l’horizon, même pas « un père Noël est une ordure ». Le film le plus visionné est en fait Delphine 1, Yvan 0, une comédie réalisée en 1996 par Dominique Farrugia avec Alain Chabat et Julie Gayet. Ce film a été diffusé 52 fois depuis sa sortie en salles. Soit autant que « Deux heures moins le quart avant Jésus-Christ », la comédie de Jean Yanne avec Coluche, sortie en 1982. Autre surprise en 3e position avec Kirikou et les bêtes sauvages. Un film d’animation proposé à 48 reprises entre 2004 et 2021.
Évidemment, ces films n’ont pas forcément eu les honneurs des premières parties de soirées, c’est-à-dire entre 21 h 00 et 22 h 30 environ. Comme beaucoup d’autres films qui se retrouvent en tête du classement, ils sont avant tout les bouche-trous de grilles de programmes. C’est souvent des heures de faibles écoutes. Il faut donc que le coût de la rediffusion ne soit pas élevée.
Les films Astérix au sommet
Cependant, si on se concentre uniquement sur les premières parties de soirées, ce classement est très différent. C’est en fait le triomphe d’Astérix. On retrouve en première position Asterix et la surprise de César, un film d’animation français, sorti en 1985. Il a déjà été diffusé à 40 reprises en prime time. Il est suivi par Astérix chez les Bretons et les 12 travaux d’Astérix. Ces deux titres complètent le podium avec respectivement 38 et 34 diffusions. Dans ce classement des diffusions en prime time, Delphine 1, Yvan 0 de Dominique Farrugia plonge à la 176e position avec seulement cinq diffusions en première partie de soirée.
Pour retrouver Le Corniaud ou la grande vadrouille, il faut descendre respectivement à la 57e et à 63e. Ces deux films ne figurent même pas dans les 100 films les plus programmés ces dix dernières années.
Les films étrangers victimes des quotas
Dans ce classement, on remarque aussi la quantité de films français, et la prédominance des comédies. En ce qui concerne l’absence de films étrangers dans les hauts du classement, cela s’explique notamment par la règle des quotas. Dès 1972, une première convention signée entre l’ORTF et le ministre des Affaires culturelles, a imposé un minimum de 50 % de films français chaque année à la télé. En 1990, sous le gouvernement Rocard , un décret a instauré un minimum d’au moins 60 % d’œuvres européennes et 40 % d’œuvres francophones. De fait, le premier film étranger ne pointe qu’en 40e position du classement du CNC. Il s’agit de Retour vers le futur de Robert Zemeckis. Il a été diffusé 35 fois en France. Ainsi, il devance « il était une fois dans l’ouest » et « Coup de foudre à Notting Hill », tous les deux diffusés à 34 reprises.
Crédit photo : Bruna Araujo