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En France, des campings devenus trop « pieds dans l’eau »

Voilà un sujet qui risque hélas de devenir ce que l’on appelle un marronnier dans le langage journalistique. Les conséquences de la montée des eaux sur le littoral. Concrètement, cela concerne plus directement environ 600 campings français. Évidemment, ils sont installés en bord de mer. Une grande partie de ces établissements est menacée par le recul du trait de côte. Il faut voir la réalité, un déplacement et des réorganisations sont à prévoir. Facile à dire, mais comme depuis longtemps, on se voile la face, plus dure sont les mesures à prendre.

Un repli stratégique et économique

En fait, tout le monde traîne les pieds depuis longtemps pour déplacer des terrains installés dans les années 1970. A ce moment-là, la loi littorale et la protection des espaces naturels n’existaient pas. De fait, les outils juridiques et la volonté politique font défaut. Par contre, la loi économique fait son œuvre et du côté de l’Etat, on a déjà fait les comptes. Face aux risques de submersion marine : fini la protection, jugée coûteuse et inefficace à moyen terme, place à l’adaptation. Cela sous-entend un repli à l’intérieur plutôt qu’un maintient à tout prix trop près de la mer. Face à cette montée des eaux, le concept « les pieds dans l’eau » prend une tout autre tournure.

La moitié des campings concernés

D’un côté, très officiellement, le ministère du tourisme évalue à 369 le nombre de campings menacés par le recul du trait de côte. De plus, près du double morde sur la bande littorale des 100 mètres. Enfin, un quart des 7 800 campings français sont exposés à un risque naturel – submersion marine, érosion côtière, inondation, voire chutes de rochers. De l’autre, la Fédération nationale de l’hôtellerie de plein air fait remarquer que ces campings étant les mieux placés, ils représentent la moitié de la fréquentation totale.

Le Languedoc, région symbole

Symbole de la complexité de concilier tous les paramètres, se retrouve sur la côte languedocienne. Cette zone s’est développé dans les années 70, période dans laquelle elle a représenté une cote méditerranéenne plus abordable par tous que la Côte d’Azur. Dans ce schéma, le camping est l’élément majeur l’économie touristique. Du coup, une ville comme Vias dans l’Hérault est devenue la deuxième commune d’Europe en nombre d’emplacements. 

Le fiasco des premières mesures

A partir de 2005, l’Etat a tenté d’organiser le recul de certains campings, dont les plages sont attaquées par les vagues depuis 20 ans. Ce fut en pure perte, aucun propriétaire de terrains ne s’est lancé en franc-tireur. Du coup, on a fait comme d’habitude, six millions d’euros ont été dépensés pour reconstituer une dune. Celle-ci après quelques tempêtes, s’efface de nouveau. La solution de se déplacer n’est pas non plus très tendance. Cela sous-entend, exproprier, viabiliser, refaire les routes, les bâtiments, les équipements. Et puis pas trop près, car le sujet reviendra vite, mais pas trop loin, car « tous les clients vont partir en Espagne ».

C’est comme cela un peu partout, on bricole des solutions qui n’en sont pas vraiment. L’adjoint au maire à l’urbanisme de Vias, Bernard Saucerotte, explique « L’Etat nous a fait travailler quatre ans, mais la loi ne nous permettait pas d’agir. On admet le constat scientifique, mais si on ne prend pas en compte l’économique, le social, le système juridique, on aboutira à rien ».

Un peu plus de souplesse

Ces dernières années, la loi Climat et résilience ont apporté un début de solution sur la problématique de l’érosion. Elle autorise des dérogations exceptionnelles à la loi sur la protection du littoral. Il est question de recomposition spatiale plus globale. Le plan gouvernemental pour le tourisme a également ouvert la voie à une « souplesse d’exploitation » des campings et financera des diagnostics pour l’adaptation au changement climatique.

S’adapter et toujours innover

En parallèle de ces solutions qui deviennent politiques et économiques, une autre solution réside dans l’évolution du bâti. L’industrie du camping travaille au levage des mobil-homes et rêve de tentes ou de chalets sur pilotis. C’est pour cela que L’Etat vient d’ouvrir la possibilité d’augmenter le quota de chalets ou de bungalows démontables dans les campings. Cependant, pour se développer, il faudra revoir le droit de l’urbanisme. Actuellement, une telle installation est considérée comme une construction, donc impossible en zone inondable.

Crédit photo : nofi-sofyan-had

 

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La Rédaction