Il ne faut désespérer de rien et toujours espérer de sympathiques retours de situation. Voici une sorte de rédemption étonnante, à travers l’histoire de ces vieilles plateformes pétrolières norvégiennes. Durant leur fonctionnement, elles ont incarné la pollution et les mauvais côtés de l’Énergie fossile. Aujourd’hui, elles vont devenir des symboles du recyclage et de l’économie circulaire.
Les plateformes pétrolières de la mer du Nord font figure de « mamies.«
Décidément, avec l’âge, on prend de la maturité et du bon sens. La mer du Nord étant un des bassins d’hydrocarbures les plus anciens du monde, ce n’est pas un hasard si beaucoup de plateformes pétrolières et gazières y arrivent en fin de vie. Cependant, c’est une fin en beauté que s’offrent ces autres géants des mers.
Un démantèlement écologique et surtout rentable
Le démantèlement de ces installations devient un marché fructueux, car le soin apporté a leur construction, notamment dans les matériaux en font de merveilleux exemples de recyclage. Dans un rapport de 2021, l’association professionnelle Oil and Gas UK (OGUK), devenue depuis Offshore Energies UK (OEUK), chiffrait à plus de 1 million de tonnes le volume total de plateformes dans ces eaux. Tous ces matériaux sont maintenant appelés à être d’abord démantelés et ensuite récupérés. On estime qu’une fois démembrés et réduits en morceaux, elles peuvent être recyclées à 98 %. Elles vont donc devenir un parfait exemple de la tendance actuelle qui privilégie enfin l’importance du recyclage.
Des sites devenus favorables a la nature
Et comme si cela ne suffisait pas, elle recueille maintenant le soutient de certains défenseurs de l’environnement. Cela peut paraître plus étonnant encore dans cette histoire, on découvre avec intérêt quelques avantages à l’implantation de ces installations, maintenant qu’elle ne vomissent plus de pétrole. En effet, les piliers en béton, ou en métal qui font partie de l’ensemble le plus difficile à enlever pourraient s’avérer utiles. En prenant le parti d’instaurer des aires marines protégées autour, on renforce les coraux artificiels jugés « fantastiques » par les spécialistes. Ces écosystèmes se sont développés en profitant de tous les orifices et aspérités. Ensuite, le temps a fait son œuvre et les gros poissons se sont installés en profitant d’une manne nourricière. De plus, dans le secteur, on n’y pratique pas la pêche industrielle et les poissons peuvent y atteindre l’âge de dix ans.
Les mamies font de la résistance.
Il reste que les événements actuels ont un peu bouleversé le calendrier. La flambée récente du cours du baril a remis au goût du jour les réserves restantes, supposées encore « considérables ». Du coup, une des plateformes pétrolières les plus anciennes de Norvège, Statfjord A, en exploitation depuis 1979, devait être condamnée en 2022, mais le géant de l’énergie Equinor a décidé en 2020 d’étendre sa durée de vie jusqu’en 2027. Idem pour les deux autres installations de ce champ d’hydrocarbures, Statfjord B et C, à peine plus récentes mais prolongées au moins jusqu’à 2035.
Espérons que cela ne nuit pas au final écologique en beauté que peuvent s’offrir ces plateformes.
Crédit photo : Zachary Theodore