L'Echo

A l’ONU, le traité pour protéger la haute mer tombe a l’eau

L’urgence climatique, prise en compte écologique et défense de la nature, sont des thèmes de plus en plus évoqués. Il faut dire que les nouvelles du monde et l’actualité nous poussent vers la réflexion. Cependant, comme souvent, entre l’intention et l’action, il y a un monde. Dernier épisode qui reflète cette distorsion, l’échec dans la finalisation du traité pour protéger la haute mer. Pourtant, il y a aussi sur ce sujet une urgence pour sauver les océans.

Déjà 15 ans de négociations

Le sujet n’est pas nouveau et cela fait déjà 15 ans que ce projet est sur la table. Des années de réunions, de discussions souvent formelles. et parfois informelles. Dernièrement, les Etats membres de l’ONU se sont réunis durant deux semaines pour une cinquième sessions de négociations. Helas une nouvelle fois, des désaccords et des intérêts trop divergents ont eu raison de la volonté de sauver le monde marin.

mais sans trop de resultats

C’est toujours la même histoire, personne ne veut faire beaucoup plus d’effort que l’autre et ainsi trop se priver de ressources. Il faut aussi prendre en compte la pression ressentis par les représentants de chaque pays. Ceux ci doivent rentrer chez eux et faire accepter des mesures la majorité du temps contraignantes. Du coté des grandes entreprises, on voit aussi des possibilités de profits s’éloigner.

Toujours les plus faibles que payent

Evidemment, ces échecs sont plus mal ressentis par les petits pays. Parmi eux, les iles, qui sont largement et directement dépendante de la bonne santé des fonds marins. En leur nom, la représentante de Samoa, très émue, a exprimé sa « déception ». Elle a aussi mis en cause le principe même des éternels reports de décisions . Elle rappelle justement « Nous vivons très loin et cela coûte cher de venir jusqu’ici. De l’argent qui n’est pas dépensé pour des routes, des médicaments, des écoles ».

Nous retrouvons globalement dans ces réunions les questions d’équité Nord-Sud. Celles-ci traversent de nombreuses négociations internationales. La prise ne compte des variations du climat sont plus concrètes pour les pays en développement qui en sont les victimes, plus que les responsables. Ainsi ils réclament en vain aux pays riches de respecter leurs promesses d’aide financière.

Delimitations des zones économiques exclusives

De meme, un autre sujet d’achoppement concerne la délimitation des zones économiques exclusives (ZEE) des Etats, à maximum 200 milles nautiques (370 km) des côtes. D’un coté, de plus en plus de ces fonds marins apparaissent comme des possibilités d’extraction ou de possibles futurs pourvoyeurs de richesses. Chaque pays veut donc garder ou étendre la maitrise de l’exploitation de ces zones sans avoir de compte a rendre.

Créations de plus de zones protégées

De l’autre, il apparait de plus en plus urgent de légiférer pour protéger la biodiversité marine des zones ne relevant pas de la juridiction nationale. Actuellement seulement 1% de cet espace, qui représente 60 % des océans, est protégé. Cela passe notamment par la création de nouvelles et de plus grandes aires marines protégées. A ce propos, les délégations ne sont pas vraiment d’accords. Certaines s’opposent a un processus de création de trops nombreuses aires protégées. De même, l’obligation d’études d’impact environnementales avant une nouvelle activité en haute mer font débats. Toujours dans le registre économique, il s’agit de s’accorder pour la répartition des possibles bénéfices issus de l’exploitation des ressources génétiques de la haute mer. Elles concernent plus précisément des industries pharmaceutiques, chimiques et cosmétiques, qui espèrent découvrir des molécules miraculeuses. A sujet, des pays en développement craignent de passer à côté de retombées potentielles faute de pouvoir conduire ces recherches coûteuses. Ils dénoncent l’absence d’une redistribution plus équitable des futures ventes de produits issus de ces ressources qui n’appartiennent à personne.

Au bout du compte, on est encore loin de l’espoir de protéger au moins 30 % de la planète d’ici 2030.

Crédit photo : Marianne Heino

 

 

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La Rédaction