Pour un grand nombre d’entre nous, évoquez la Chine, c’est bien sur une litanie d’image d’Épinal qui va d’une grande muraille, a de grandes mégalopoles. Au milieu de tous cela, on perçoit une multitude de gens tous bien absorbés par leur travail et des taches bien précises. Bien sur tout ceci n’est pas forcément aussi simple. La réalité est plus complexe et pas uniforme même dans le pays communiste par excellence. Il faut par exemple imaginer actuellement des Chinois qui ne font rien. En effet, le chômage des jeunes dans les métropoles et les plus petites villes bat des records.
Le chômage, impensable au pays de parti des travailleurs
C’est une très mauvaise image, que renvoi de récentes études. Celle d’un pays dont le gouvernement ne peut assurer un emploi pour tous et surtout pour sa jeunesse. En effet dans les métropoles près d’une personne sur cinq ayant entre 16 et 24 ans était ainsi sans emploi fin juillet. Cela représente une masse de plus de 20 millions de jeunes chômeurs citadins, dans un pays où le marché du travail a dû absorber près de 11 millions de personnes fraîchement diplômées l’année dernière.
Des mesures plus difficiles a accepté
Difficile après cela de faire admettre des mesures pas vraiment populaires comme une énième mise en quarantaine pour lutter contre le Covid. Difficile aussi de masquer les menaces d’une crise immobilière au milieu de perspectives économiques plutôt maussades. Évidemment, l’information reste muselée et les nouvelles autorisées sont rassurantes. Cependant, le chômage fait partie d’un triste quotidien plus difficile à cacher que les prises de positions des Etats-Unis autour de la crise de Taiwan.
Le marché de la Tech particulièrement touché et pour cause
Plus gênant pour le Parti communiste chinois (PCC) et son indéboulonnable patron, pardon responsable, Xi Jinping, un des secteurs les plus touchés c‘est le marché de la tech. Un secteur souvent mis en avant par le gouvernement pour démontrer la puissance incontournable de la Chine sur le marché mondial. La pandémie de Covid a fait des dégâts, mais pas seulement. La fintech, les cryptomonnaies, l’e-commerce, les médias sociaux, l’éducation en ligne ou les plateformes de location de logement sont dans la ligne de mire des autorités chinoises. Celles-ci craignent que leur puissance, ne dépasse celle de l’Etat lui-même. Il s’agit de rappeler qui est au service de qui ?
Tout ceci n’a pas arrangé les affaires de groupes comme Tencent, ou Alibaba par exemple. Elle a déjà fait perdre quelque 1 000 milliards de dollars de valorisation boursière au secteur. De fait, les géants du secteur réduisent leurs effectifs et Alibaba a par exemple mis à la porte 13.000 salariés depuis le début de l’année. De son côté, Tencent s’est séparé de 5 500 de ses collaborateurs et collaboratrices entre avril et juin.
Des solutions classiques plus adaptées
Si on rajoute à cela, que les zones rurales ne sont pas prises en compte dans ces statistiques officielles, on comprend mieux les quelques remous comme de récentes grèves de propriétaires déçus de certains grands projets non aboutis ou à d’importantes manifestations dans le centre du pays, a la suite de ruines de petits épargnants. Pas de quoi tout remettre en cause, mais il sera plus difficile cette fois de recourir aux classiques solutions comme celle d’envoyer les jeunes chômeurs à la campagne. Dans le cas de jeunes diplômes de la Tech, ce retour à la terre, qui n’en est pas un, sera très certainement très mal vécu, y compris par les familles qui se sont souvent privés pour voir leur enfant avoir un bon travail.
Les conséquences de la politique zéro Covid
Sur le long terme, un chômage si important chez les jeunes Chinois, représente une menace à ne pas négliger. Rien de plus mobilisateur pour des mouvements sociaux que la mise en péril de cette sécurité relative mais impérieuse d’un quotidien rassurant. Le travail en fait partie et le PCC le sait bien. Il devra donc peut-être revoir une partie de ses plans notamment sa politique de zéro Covid, très coûteuse pour l’économie du pays et ainsi éviter de trop grands bouleversements.
Crédit photo : li-yang
