Poli-tic

L’Italie succombe a la « Meloni » du pouvoir

L’extrême droite se place sur l’échiquier politique européen. En France, le RN est devenu un acteur majeur des débats politiques. Dans d’autres pays comme la Suède ou l’Italie, il arrive même au pouvoir. Si de nombreux observateurs alertent sur un profond mouvement qui prend racine et impose ses idées dans le débat, il convient aussi d’en déterminer les particularités précises et locales. A ce propos, il faut rappeler que les dernières élections en Italie ont fait émergé un parti neuf, Fratelli d’Italia, mais surtout Giorgia Meloni qui jouit personnellement d’une grande popularité auprès de l’opinion publique dans la péninsule.

Un virage à droite italien, pas nouveau

Tout d’abord en Italie, on parle bizarrement ou pudiquement de la victoire d’une « coalition de centre droit » qui regroupe, Forza Italia, Ligue et FdI. C’est  parmi cette coalition que Fratelli d’Italia s’est imposé. En effet, depuis les élections européennes de 2019, et même dans tous les sondages, le centre droit arrive en tête face à la coalition de centre-gauche. La droite n’a pas augmenté son nombre de suffrages, mais ses électeurs ont déplacé leur choix, de la Ligue et du parti de Berlusconi vers Giorgia Meloni.

La personnalité et l’attraction personnelle de Giorgia Meloni 

On touche la une donnée importante, l’attractivité que représente un choix nouveau face à des personnalités disons un peu désuète. Il apparaît plus facile et immédiat d’impressionner des électeurs face à un très vieillissant Berlusconi ou un Salvini empêtré dans ces coalitions antérieures. À ce titre, notons que le positionnement de Giorgia Meloni est concrètement guère plus à droite que celle de Matteo Salvini et ses accointances avec le parti de Vladimir Poutine et avec Victor Orban. La victoire de Meloni est plus une victoire personnelle, que celle de son parti. Une victoire qui tient aussi beaucoup à la faiblesse et l’usure de tous ceux qui se sont opposés à elle pendant la campagne électorale qui a suivi la démission du gouvernement de Mario Draghi.

 Et bien gouverner maintenant

Tout ceci renforce une question classique, que va-t-il se passer lorsque Giorgia Meloni sera au pouvoir? Tout d’abord, il va falloir former un gouvernement. Giorgia Meloni doit faire le choix de ministres compétents et acceptables par les alliées. On va alors parler un langage que n’aiment pas les extrémistes et leurs soutiens. Compromis, négociation, raison, c’est pourtant indispensable pour la survie de son gouvernement. Des tensions pourraient se produire avec ses partenaires de coalition. La Ligue notamment et son chef Salvini, déçu par les résultats? pourraient exiger certains ministères comme celui de l’Intérieur.

Les relations avec l’Europe

Plus difficile pour la nouvelle, première ministre sera l’effort pour modifier sa réputation, notamment auprès des chancelleries européennes. Ses déclarations passées vis à vis de l’Europe sont pour le moins ambigues. Elle reste la présidente du parti des Conservateurs européens, et en meme temps la leader politique de la troisième nation de la zone euro et d’un des États fondateurs de l’Union.

L’argent, toujours l’argent

Comme souvent, il y a d’un côté, la rhétorique politique, et d’une autre la réalité. Il faudra prendre en compte que les citoyens italiens sont largement favorables à l’Union et à la monnaie unique. On peut imaginer que la prochaine première ministre fera tout ce qui est nécessaire pour garder la confiance de ses électeurs. Il faut aussi garder la confiance des marchés, car l’Italie avec son importante dette publique ne peut pas se passer de l’Union européenne, qui est en outre en train de l’aider. On ne mord pas la main qui te nourrit.

Attention aux utopies en « isme »

Si le temps, où l’on pensait être amis avec tout le monde, est révolu, le retour de celui d’être amis avec personne va certainement montrer ses premières limites. Si on ne peut pas s’en sortir avec tout le monde, on ne peut pas s’en sortir seul. Aussi tentant que cela puisse être, le souverainisme total, comme bien d’autres « isme » est utopique. Sa montée dans l’électorat est hélas juste une question de nouveautés pas vraiment mise en place. La suite de certaines idées trop simplistes est souvent au mieux difficile et parfois implacable, un Boris Johnson peut en témoigner.

Il reste que la montée et l’attraction de nombreux partis extrêmes sont suscité par le besoin de renouveau face à des partis classiques en perte de vitesse. Ce besoin de renouvellement est exacerbé par des réseaux de communication omniprésents qui favorisent l’affirmation à la réflexion, l’individualisme à l’échange, la facilité à la vérité.

Crédit photo : Michele Bitetto

 

A propos de l'auteur

La Rédaction