Les conditions météorologiques de ces derniers mois ont hélas mis à l’honneur la notion de désert. Cependant, ce concept n’est pas seulement lié à la nature et à la météo, mais aussi aux infrastructures. C’est l’occasion de remettre en avant un autre désert qui avance et qui concerne notre pays. Il s’agit du désert médical. Selon une étude dévoilée par l’Association des maires ruraux de France vendredi 30 septembre, plus de 6 000 médecins généralistes manquent dans les bassins de vies rurales.
Qu’est-ce qu’un désert médical ?
D’abord, il convient de bien comprendre de quoi on parle. Un désert médical, c’est une zone géographique dans laquelle l’absence de médecins rend la possibilité se faire soigner à proximité par un professionnel de santé, très difficile. De fait, cela augmente les risques des populations locales face à la maladie. La notion de désert médical a deux conséquences sur la couverture proposée. Tout d’abord, ce manque professionnel de santé sur un territoire impose aux patients des déplacements plus longs pour consulter. Cela peut mettre un frein à la prise de rendez-vous régulier, pourtant nécessaire. L’absence de consultations régulières aggrave les situations de santé. Au niveau des interventions, elles peuvent hélas être plus aléatoires et plus durement circonstanciées. De plus, au niveau de la prévention, notons que ces manques augmentent le nombre de patients par médecin. Plus un médecin a de patients, moins il a de temps à accorder à chacun d’eux.
Tout le monde aux urgences
Concrètement, cela veut dire un allongement des » files d’attente » avant de pouvoir consulter un professionnel, au risque d’une dégradation de l’état médical des patients. De plus, les patients ne trouvant pas de professionnels en consultation « classique » recourent par défaut aux urgences pour accéder à un médecin. Cela contribue à l’engorgement de services qui doivent logiquement traités des cas plus graves et plus exceptionnels. A cela, on peut rajouter la difficulté à trouver un médecin traitant en particulier lorsqu’un praticien part en retraite. Cela peut nuire à un bon parcours de soins coordonnés, normalement garanti par le service public et surtout le garant du remboursement d’une partie des frais de santé.
Mieux répartir pour mieux soigner
Il convient de revenir, selon les professionnels, a un objectif d’un praticien pour 1 000 habitants sur tout le territoire. Cela veut dire de le retour de plus de 6 000 médecins généralistes dans les bassins de vies rurales. Actuellement n France, seul 31 % des bassins de vie urbaine atteignent cet objectif d’un pour mille. De fait, dans les bassins de vies rurales, un généraliste couvre en moyenne 30 km², contre 5 km² dans les bassins de vie urbains. Les écarts ne concernent pas que les généralistes, par exemple en médecine spécialisée les Bouches-du-Rhône, présente un « excédent » de 1 862 praticiens, alors que la Dordogne affiche un manque de 194.
Des crises sanitaires révélatrices
Bien sûr, la crise sanitaire a amplifié et mis en lumière ces écarts. On peut parler d’inégalité, car de nombreuses études évoquent dans les territoires ruraux, d’une aggravation des écarts d’espérance de vie sur le territoire français. Il est aussi question, d’une moindre consommation de soins hospitaliers et d’un vieillissement des professionnels de santé. Sans compter, la part belle donnée a certaines médecines dites « parallèles », dont certaines pratiques font la une de nos actualités, et pas dans la rubrique santé..
Crédit photo : national cancer institute