A ce stade de la compétition, l’an dernier, aucun entraîneur de Ligue n’avait été encore remercié. Par contre cette année, on en compte déjà 5. C’est une véritable valse des coachs. Peter Bosz, Michel Der Zakarian, Jean-Marc Furlan, Oscar Garcia et le dernier en date Dall’Oglio de Montpellier ont fait partie d’une charrette bien pleine après la 12e journée. C’est assez traditionnel de voir un ou deux coachs faire les frais d’un mauvais départ de leur équipe. Cette fois, c’est un ensemble de facteurs qui a fait de cette période, une des plus difficiles à vivre pour les entraîneurs de L1.
Virer l’entraîneur, une réaction classique, mais pas forcément efficace
Évidemment, quand les choses tournent mal, l’entraîneur est un fusible pour relancer les choses. C’est un classique, qui a même fait l’objet de recherches universitaires. Celles-ci évoquent bien sur le fameux « choc psychologique ». En fait, ce choc semble loin d’avoir l’effet escompté. Quand un effectif est moyen ou pire, ou si le mal est plus profond au sein du club, il ne faut pas s’attendre à des miracles. Au mieux, changer d’entraîneur, permet de redresser la barre durant un temps. Oui, mais des chercheurs ont montré que le même redressement se produit aussi dans une équipe qui ne change pas d’entraîneur. Pire, statistiquement, le redressement se produit plus vite dans les équipes où les dirigeants ont maintenu leur confiance au coach. Rien ne prouve donc que changer d’entraîneur est utile, d’un point de vue sportif.
Sauver les apparences
En fait, les raisons majeures sont à chercher au-delà du facteur purement sportif. Ainsi, d’autres paramètres entrent en compte dans la décision de virer le coach. Il est plus question pour les dirigeants de club, de monter qu’ils font quelque chose. Il s’agit plus de sauver la face, calmer la colère des supporters ou de rassurer (un peu) les actionnaires. Cependant, ce phénomène est, en Ligue 1, généralement moins important. De plus, le gros des licenciements a lieu au milieu de la saison, en décembre et janvier. Cette saison, le contexte n’est plus du tout le même avec un calendrier bousculé par les dates de la coupe du monde.
Une saison particulièrement complexe
Tout d’abord, nous attaquons déjà le dernier mois de compétition avant le début de la Coupe du monde, et donc de la longue trêve durant laquelle le championnat sera à l’arrêt. Cette trêve est évidemment vue par beaucoup comme l’occasion de faire des changements pour mieux repartir. Pour un club, attendre plus longtemps avant de couper des têtes engendrerait le risque que les effets positifs attendus surviennent trop tard. Une deuxième particularité réside aussi dans le fait que quatre relégations et aucun repêchage ne sont prévus pour la saison en cours. Rappelons en effet que la saison 2023/2024 débutera avec 18 équipes. Il y aura donc 4 descentes d’un coup lors de la fin de la saison pas de playoffs et seulement deux montées. Rien de mieux pour faire monter la pression. Le niveau d’exigence a donc été rehaussé et le besoin de résultats est devenu immédiat.
Et l’argent dans tout cela
Et puis comme toujours, il faut aussi mettre en avant les raisons financières. Les effets de la pandémie et le retrait de Mediapro, éphémère diffuseur du championnat ont limités les dépenses. Du coup, il a fallu financièrement reconsidérer le coût d’un licenciement d’un technicien (et dans certains cas, de son staff), à plusieurs mois voire plusieurs saisons de la fin de son contrat. Certaines décisions ont été reportées. Ceci n’est plus d’actualité, car les obstacles financiers sont bien moins un problème qu’il y a un an. Cet été, les écuries de L1 ont reçu une grosse bouffée d’oxygène. Ils profitent de la création d’une filiale commerciale destinée à soutenir le développement de l’ensemble du football français. Derrière le PSG, et plusieurs autres clubs importants de l’Hexagone la plupart des écuries de l’élite a reçu un peu plus de 30 millions d’euros.
Attention des licenciements peuvent en cacher d’autres
De quoi rendre les changements d’entraîneurs moins douloureux. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle plusieurs entraîneurs risquent de rapidement vivre une période décisive. On évoque des temps difficiles Antoine Kombouaré, 19e de Ligue 1 avec Nantes, ou Gérald Baticle, 17e à Angers et meme
Crédit photo : Nguyen thu hoai