Dans la série « que nous réserve l’avenir » ? Une nouvelle étude vient confirmer et compléter une tendance inquiétante concernant la fertilité. Il est une nouvelle fois question du déclin de la fertilité masculine. Plus précisément, cette nouvelle étude publiée en novembre 2022 fait état d’une baisse de la quantité et de la concentration de spermatozoïdes dans le sperme des hommes à travers le monde.
Plus qu’une analyse, une méta-analyse
En fait, on doit pour la circonstance évoquer une les résultats d’une méta-analyse. C’est-à-dire une étude qui analyse les résultats de nombreuses études antérieures. D’après cette sorte de compilation, la concentration en spermatozoïdes a diminué de moitié en 46 ans. Un phénomène en rapide augmentation et qui devient très alarmant pour les chercheurs.
Des résultats au niveau mondial
C’est l’aspect mondial qui fait la nouveauté de cette étude. En effet, jusqu’ici les donnés collectées ont concerné des pays occidentaux. Les conclusions tournaient souvent vers un déclin lié essentiellement aux manières de vivre et a l’impact des conditions de vie moderne. Si les causes sont certainement les bonnes, elles ne se limitent pas aux pays occidentaux. Cette fois, l’étude prend en compte des données récoltées en Asie, en Amérique du Sud et en Afrique. Les résultats démontrent que la baisse de la quantité et de la concentration de spermatozoïdes dans le sperme des hommes serait un phénomène mondial.
Un déclin qui se fait de plus en plus puissant
Non seulement, ce déclin serait plus étendu que les premières études pouvaient le faire deviner, mais en plus, il monte en puissance au fil du temps. Dans le détail, l’étude rapporte que la concentration en spermatozoïdes a décliné globalement de 51,6 % sur une période de quarante-cinq ans. Cependant, les auteurs de l’étude font état d’une « augmentation marquée » de cette baisse au cours de ces dernières années. Elle est passée de 1,16 % par an entre 1972 et 2000 à 2,64 % par an après les années 2000.
Pourquoi le nombre de spermatozoïdes décline-t-il ?
Cette étude n’a pas examiné les causes de la chute du nombre de spermatozoïdes. Cependant, des hypothèses sont avancées notamment par le professeur Levine, qui est a la tete de l’équipe de chercheurs qui a mené cette étude. Il remarque que des recherches récentes ont indiqué que des perturbations dans le développement de l’appareil reproducteur pendant le développement fœtal ont un lien avec une fertilité altérée par la suite. De son côté, de manière plus classique l’assurance-maladie avance d’autres pistes. Elle cite également la consommation de tabac, l’obésité, mais aussi les nombreux polluants présents dans notre environnement. À cela, on peut rajouter un manque d’activité physique.
Peut-être un petit bémol dans l’interprétation des chiffres
Tout ceci peut apparaître très inquiétant et pourrait menacer la survie de l’humanité. Cependant, cette perspective ne fait pas l’unanimité et d’autres chercheurs sont plus nuancé. L’andrologue Allan Pacey par exemple explique que l’évolution du taux de spermatozoïdes pourrait tout simplement refléter des techniques de plus en plus fiables de mesure, et non la réalité elle-même.
La quantité et la concentration de spermatozoïdes sont des facteurs qui jouent sur la fertilité masculine, mais pas les seuls. Leur mobilité, qui joue aussi un rôle crucial, n’est ainsi pas mesurée par cette étude. Celle-ci ne permet donc pas de conclure à un déclin général de la fertilité masculine, même si elle apporte des éléments dans ce sens et s’inscrit aux côtés d’autres travaux qui ont plutôt étudié les causes de cette tendance.
Crédit photo : Dainis Graveris