Il est évident que si vous allez visiter le Chili, la municipalité de La Pintana dans la périphérie de Santiago ne fera pas partie de vos destinations privilégiées. Et pour cause, c’est la plus pauvre des communes de la périphérie de Santiago. C’est pour cela que ses habitants font tout leur possible pour améliorer leur situation. Alors, comme on dit quand on est dans la m.. Tout est bon pour s’en sortir. Justement, c’est à travers les déchets que le salut vient pour une partie des habitants de cette commune.
Plus de ramassage pour plus d’économies
Cela fait presque 20 ans que les habitants de la municipalité récupèrent leurs déchets. Ils le font dans des bacs, des cartons ou même des sacs en plastique, qui sont ensuite accrochés aux portes ou aux arbres. Dans ce ramassage, tout y passe. Par exemple, les pelures de pommes de terre, d’avocats, d’oranges ou d’autres fruits ou légumes sont collectées quotidiennement. Cela représente la moitié du total des déchets produits par chaque famille de cette ville de près de 190 000 habitants. Du coup, pas moins de 20 tonnes de déchets organiques sont récoltés par jour. Mais surtout, la ville économise ainsi quelque 100 000 dollars par an. Bien cette somme est réinvestit ensuite dans la communauté. C’est un geste important dans une municipalité ou plus de 15 % des habitants vivent dans la pauvreté. C’est le taux le plus élevé de la capitale chilienne et de sa banlieue.
La Pintana : le bon exemple
Ainsi la ville de La Pintana représente un parfait exemple de recyclage au Chili, qui reste globalement un pays très en retard en matière de recyclage. Le pays produit en moyenne 1,13 kg de déchets par personne et par jour et qui n’en recycle que 0,8 %, selon le ministère de l’Environnement. La ville fait partie des premières communes de Santiago à avoir organisé une telle collecte. Pour compléter, elle s’est munie également d’une pépinière municipale, construite sur une ancienne décharge. Cette dernière fournit chaque année 100 000 plantes de 400 espèces différentes qui sont ensuite utilisées pour verdir la ville.
Tout un programme et des résultats concrets
Ces actions sont la base de tout un programme qui permet de mieux sensibiliser la population à la notion de recyclage. Ce n’est plus une vague idée un peu utopique, tout cela rapporte et influe concrètement sur le quotidien. Tout le monde peut voir les camions effectués leur collecte. Ensuite, ils reviennent au siège de la Direction générale de l’environnement (DIGA) pour y déposer leur chargement. Après un premier tri réalisé dans la benne, les déchets sont versés dans des brouettes puis acheminés vers une zone de compostage, réalisé à l’aide de lombrics.
Des conséquences sociales
De plus, l’activité profite directement à des enfants du coin et qui ont mal tourné. En effet plus de la moitié de la quinzaine d’employés de la pépinière municipale sont des détenus qui ont troqué la prison pour un travail communautaire. Ce ramassage et le traitement des déchets a permis d’éviter les décharges sauvages qui s’étalaient dans la ville. Les gens sont sensibles à cette amélioration de leur cadre de vie et s’attachent à mieux respecter différents endroits ou autrefois, il y avait une décharge. Maintenant, on y trouve des lieux fleuris.
Le bon exemple à suivre
C’est un exemple à méditer pour tout le Chili, qui reste le pays d’Amérique latine qui produit le plus de déchets selon la Banque mondiale, tandis qu’en matière de recyclage, il se situe bien en dessous de la moyenne latino-américaine de 4 %. C’est pour cela que la ministre chilienne de l’Environnement, Maisa Rojas, a récemment annoncé un projet de loi visant à reproduire l’exemple de la Pintana dans le reste du pays.
D’autres pays et bien d’autres régions devraient lui emboîter les pas…
Crédit photo : Jasmin Sessler