On se dit souvent que c’est mieux ailleurs. Nombreux sont ceux qui montrent en exemple le fonctionnement des institutions anglo-saxonnes. Il s’agit de bien montrer les avantages d’un fonctionnement plus souples et démocrates que notre trop rigide et dirigiste république. Cependant, ce qui vient de se passer au Congrès américain devrait finir de démontrer que si nos institutions ont bien des défauts, l’herbe n’est pas forcément plus verte ailleurs.
Le sénateur républicain Kevin McCarthy finalement élu président de la Chambre des représentants américaine
C’est finalement le sénateur Kevin McCarthy, qui obtenu, dans la nuit de vendredi 6 à samedi 7 janvier, les voix nécessaires pour être élu président de la Chambre des représentants américaine. Ce ne fut pas sans mal, car il a fallu convaincre d’autres républicains à voter pour lui. Ces autres républicains, ce sont les extrémistes du groupe de trumpistes qui paralysait sa nomination. Ce groupe avait décidé de soutenir l’élu de Floride Matt Gaetz.
Mais pas sans mal
De fait, il a fallu attendre le quatorzième vote pour mettre fin à un imbroglio au Congrès inédit depuis cent soixante ans. À l’issue de ce quatorzième vote, les républicains avaient demandé un ajournement jusqu’à lundi. Les démocrates en ont profité pour rappeler qu’ils étaient là et en avait marre de la cuisine interne du clan républicain. Ils ont refusé l’ajournement, qui avait été soumis au vote. Une large majorité de parlementaires, y compris républicains, s’étaient finalement prononcés contre cet ajournement. Finalement, tout ce cirque a pris fin lorsque qu’avec 216 votes, cela lui a permis d’être nommé speaker.
Blocage de son propre parti
Tout ceci ne fait pas la partie belle aux institutions américaines qui se sont retrouvées bloquées par une frange extrême de ses représentants. Ce sont ces mêmes personnes, rester aux ordres de Donald Trump et dont beaucoup refusent toujours de reconnaître sa défaite en 2020.
Des institutions chahutées
Tout ceci prêterait à sourire si on ne prend pas en compte la vision que cela donne. D’une part, ce groupe remet en cause le fonctionnement et la probité des institutions et des élections dont ils sont pourtant les représentants. D’autre part, c’est véritablement la continuation d’une politique spectacle dont le Trumpisme s’est fait le champion.
Et même bloquées
D’autre part, cette paralysie du Congrès américain a néanmoins eu des répercussions très concrètes. Sans « speaker », troisième personnage le plus important de la politique américaine après le président et le vice-président, les élus n’ont pas pu pas prêter serment. Impossible donc de voter quelconque projet de loi, participer à des commissions parlementaires ou d’accéder à des informations classées secret défense.
Faux débats et vraies polémiques
Tous ces faux débats, on alimenter une presse, qui n’a plus de politique que le nom. Il est, plus question de remarques, de petites phrases ou de Tweets que de véritables réflexions sur les solutions et les améliorations à apporter aux problèmes du pays. Ces interminables séances de négociations dans les galeries adjacentes à l’hémicycle ont évidemment attiré une palanquée de journalistes, et même ceux qui ne le sont pas pour capter la moindre déclaration surtout si elle est polémique.
Et place au spectacle
Les caméras de télévision ont rejoint celle de surveillance pour signaler une républicaine votant avec son chien sous le bras, des démocrates se partageant un journal pour passer le temps. En fait, un vrai relâchement a permis aux caméras de la chaîne parlementaire américaine de contourner les règles très strictes sur les prises de vues autorisées.
Tout cela fait le bonheur des téléspectateurs et des réseaux sociaux, qui ne manqueront après se délecter de tout cela, de le critiquer vivement. Enfin, réjouissons-nous pour finir, avec tous ces défauts, nos institutions permettent un débat, certes parfois contestable, mais d’autres régime ne le permettent pas.
Crédit photo : Darren Halstead