Il n’y a plus grand suspense concernant le manque d’eau en France. Il ne vas que rester que quelques illuminés ou autres complotistes de bas étage pour ne pas comprendre qu’il faut réagir et vite pour échapper au carnage. En effet, il ne s’agit pas de redresser une situation d’ors et déjà bien compromise, mais plus de faire avec. Pour cela, notre manière d’utiliser l’eau doit être, à court-terme surveillé, et réglementer. À plus long terme, il convient de repenser totalement nos habitudes de consommation.
Sècheresse d’été et hiver aride
Bien sûr, la situation est moins tendue suivant les régions. Il reste que globalement la situation est grave pour les nappes phréatiques. Elles ont subi une grave sècheresse en 2022 et un hiver très sec n’a pas permis un rechargement suffisant. Or, c’est principalement en hiver que s’effectue la période de recharge cruciale des nappes phréatiques. Celles-ci sont moins concernées par les pluies printanières, qui sont majoritairement absorbées par le retour de la végétation. Du coup, la France pourrait connaître de nombreuses restrictions d’eau dès le mois de mars.
Des mesures à prendre rapidement
Au milieu d’un climat social tendu, le climat tout court fait lui aussi l’objet de tensions et de discussions difficiles. Christophe Béchu, le ministre de la Transition écologique, a déclaré « on à environ deux mois de retard de remplissage » des nappes. A partir de cette constatation, les préfets sont réunis pour commencer à prendre des mesures restrictives maintenant pour éviter des situations catastrophiques plus tard. Bien sûr cela ne fait pas que des heureux et les arbitrages ont déjà retardés des décisions pourtant urgentes.
Réfléchir à long terme
Comme souvent, chacun défends ses intérêts au détriment de l’intérêt général. Il s’agit pourtant de parer au plus pressé tout en réfléchissant à plus long terme. Par exemple, dans les Landes, un millier d’agriculteurs ont manifesté préventivement pour défendre leurs quotas de prélèvement et la construction d’ouvrages pour stocker l’eau. Le gouvernement, qui a longtemps tergiversé en la matière s’est voulu rassurant. Il vient de confirmer que 60 nouveaux projets d’ouvrages hydrauliques à vocation agricole allaient être mis en service d’ici à juin.
Pour une situation inédite et durable
Pourtant, le slogan « Il n’y a pas d’agriculture sans eau », qui parait évident, ne doit pas être utilisé sans un minimum de bon sens. Il ne s’agit pas simplement de trouver de quoi fournir toujours plus, mais aussi de ne pas croire que l’eau coulera toujours à flots par miracle. Les experts climats de l’ONU assurent qu’en matière de chaleur et de sécheresse, on ne doit plus évoquer des événements isolés. Il s’agit bien d’une tendance liée au réchauffement climatique causé par l’activité humaine. De fait, « Le réchauffement climatique, c’est entre 15 et 40 % de réserve d’eau disponible en moins pour la France », a rappelé le ministre Christophe Béchu.
La France, pas vraiment a la pointe en la matière.
C’est là, que les écologistes militants écologistes se font entendre. Comme pour d’autres secteurs, ils réclament de repenser le modèle agricole pour s’adapter au changement climatique. À ce sujet, notons que la France a de la marge. Le ministre, lui-même le reconnaît. Il explique que les eaux usées « sont réutilisées 10 fois plus en Italie, 20 fois plus en Espagne » et près de 85 fois plus en Israël. On peut rajouter que 20 % de notre eau potable part dans des fuites. Dans certains secteurs, cela représente jusqu’à 70 % de fuite. Ce n’est pas une problématique nouvelle et on peut regretter la lenteur de la mise en place du « plan Eau » du gouvernement. Il s’agit d’une cinquantaine de mesures censées tirer les leçons de la crise inédite de 2022.
L’agriculture est la plus grosse consommatrice d‘eau
Il va falloir regarder un peu au-dessus de sa tête. L’agriculture est la plus grosse consommatrice en France, mais aussi dans le monde. L’irrigation représente 70 % de l’utilisation d’eau au niveau mondial et plus de 40 % dans nombre de pays de l’OCDE.
Suivi par l’eau potable à usage domestique
Cependant, l’eau potable en France, c’est 24 % de la consommation. Cela représente 143 litres par habitant et par jour. Plus de la moitié de cette eau est prélevée dans les nappes phréatiques. Après être passée chez nous, elle arrive dans une station d’épuration avant d’être rejetée dans un cours d’eau. C’est donc une perte sèche pour le milieu d’origine. De son côté, l’industrie ne consomme que 5 % du total, enfin la production d’énergie a, elle, besoin de 3 %.
Cela veut dire qu’il est illusoire de croire que l’effort ne doit pas être partagé par tous. Chacun doit le faire à sa mesure bien sûr. Il ne s’agit pas que de résultats, mais aussi pour jamais oublier que l’eau aussi est a consommer avec modération.
Crédit photo : Manki Kim