Il est de ces décisions dont on parle souvent, mais que l’on repousse toujours. Parfois, par flemme, d’autres fois, parce qu’elles sont nécessaires mais pas agréables. Enfin, c’est aussi parce qu’elles n’arrangent pas tout le monde. C’est ce qui se passe pour l’étiquetage de nos produits. De temps en temps, il est bon de réglementer un peu les choses pour éviter que trop d’affirmations non fondées y apparaissent.
Un étiquetage moins anarchique
Attention, il ne s’agit pas de faire disparaître, un slogan racoleur vantant une particularité quelconque, la publicité n’a pas à voir peur. En fait, il s’agit d’éviter que certaines marques affichent de fausses caractéristiques vertueuses et dans l’air du temps. Dans cette catégorie, on retrouve par exemple toutes les affiliations a des labels plus ou moins bidons ou de fausses actions, souvent en faveur de l’écologie.
Soutenues par l’Union européenne
Il est à noter que pour ce type d’action, les états en parle, mais se font plus tirer la jambe pour agir . C’est souvent l’Union européenne qui joue les francs-tireurs. Bien des gouvernements doivent penser qu’ils ont autre chose a faire. Il s’agit peut-être aussi de ne pas heurter la sensibilité de certaines grosses entreprises. Donc, c’est la Commission européenne qui vient de présenter son plan pour éliminer l’écoblanchiment des étiquettes et des publicités. Elle prévoit des sanctions « dissuasives » pour les entreprises faisant des déclarations infondées.
Moins de formules erronés en faveur de l’environnement
Le but est de ne plus voir à tout bout de champ les fameux « Zéro carbone » ou « empreinte climatique réduite et autre affirmations censées nous disculper de faire trop d’achats. De plus, Bruxelles veut endiguer la prolifération des formules destinées à happer le consommateur véritablement soucieux de l’environnement.
Un phénomène en hausse
Pour se décider à agir, la commission a d’abord évaluer le phénomène. En 2020, des vérifications ont mis en évidence que sur 150 allégations vertes, 53 % contenaient « des informations vagues, trompeuses ou non étayées ». Il apparaît qu’aucun secteur n’échappe a la critique. 232 « labels écologiques » européens montraient que la moitié était accordée avec des vérifications « faibles ou inexistantes ».
Des certifications mois fantaisistes
C’est pour cela que Bruxelles veut interdire toute affirmation qui ne serait pas soutenue par des bases factuelles et scientifiques, accessibles via QR code ou site internet. De plus, le projet demande aux États de « veiller à ce que les allégations environnementales concernant des produits et entreprises soient justifiées. Les systèmes de certification environnementale seraient soumis aux mêmes critères, avec des règles de transparence, d’indépendance et de supervision. Évidemment, les nouvelles dispositions s’appliqueraient aux produits et aux services non couverts par d’autres textes européens.
Des labels plus fiables
À partir de là, il n’est pas question d’imposer une méthodologie unique. Pour cela, les entreprises disposeront d’une marge de manœuvre pour atteindre le but. Par contre, celui-ci fera l’objet d’une seule et unique méthode de référence (PEF). Au passage, cela mettrait aussi en évidence des « labels très fiables » faisant autorité de longue date. On parle par exemple de l’Ecolabel officiel conçu par l’UE. Dans son projet, la Commission prévoit de recadrer les entreprises se revendiquant « zéro carbone ». Elles devront détailler clairement si elles achètent des crédits sur le marché du carbone ou plantent des arbres pour compenser leur propre impact environnemental.
Fin du slogan « neutralité carbone »
Tout ceci est salué par les ONG qui en profitent pour rajouter qu’elle souhaite plus particulièrement interdire complètement toute allégation de « neutralité carbone ». Pour elles, c’est cela ne veut rien dire et reste impossible. La directrice générale Monique Goyens la directrice générale du BEUC, l’Organisation européenne des consommateurs, depuis 2007 explique « Il n’existe pas de banane ou de bouteille d’eau neutre en CO2 ». Elle rajoute « planter des arbres mettant des décennies à pousser est beaucoup plus facile et moins cher, mais nettement moins efficace que de réduire ses émissions ».
Crédit photo : Brian Yurasits