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Le caricatu-stan, les pays dont le nom se finit par -stan

Dans un sketch des années 80, Coluche racontait ceci « le Turkestan, le turki se détend, est ce que je sais où c’est moi », provoquant l’hilarité générale. Ce passage de sketch évoque bien l’image pour le moins inconnue ou plus souvent négative des noms des pays qui ont un nom qui finit par -stan. Il faut bien avoué que ces pays souvent issus de la dissolution de l’ex-URSS nous apparaissent dans un flou géographique et politique qui provoque l’interrogation et la méfiance.

Sept pays finissant par -stan

Ils sont au total sept pays dont le nom se finit par le suffixe d’origine perse –stan. Avec un peu de réflexion, on comprend vite que ce suffixe signifie pays, nation ou lieu en perse. En effet, on retrouve certainement sa trace dans stand (se tenir) en anglais, Stadt (ville) en allemand ou encore stan (appartement) dans certaines langues slaves. Il serait issu de l’indo-européen steh, qui signifie se tenir.

L’ombre de l’ex-URSS

Tous ses pays se situent tous en Asie centrale. Cela correspond aux zones où les anciens indo-iraniens se sont établis. Cinq d’entre eux (le Kazakhstan, le Kirghizistan, l’Ouzbékistan, le Tadjikistan et le Turkménistan) doivent leur apparition à la mise en place de l’URSS dans les années 1920. Le mot d’ordre était alors un territoire pour une population. A ces pays, il faut ajouter l’Afghanistan, qui a subit l’occupation soviétique et le Pakistan. 

Seulement voilà, a la chute du mur ces pays ne font pas partie des pays les plus parés a leur nouvelle situation. De plus, ces territoires souvent riches en ressources naturelles sont restés dans le giron du puissant voisin Russe. Celle-ci considère encore ces territoires comme son pré carré.

Une image floue et mal -entretenue

Tout ceci a renforcé une image pour les Occidentaux, de pays difficiles à cerner, souvent autocratiques et corrompus, et a la base impossible à véritablement placer sur la carte. Cette connotation est si négative que par exemple, en 2014, Noursoultan Nazarbayev, alors président du Kazakhstan a voulu rebaptiser le pays. Pour lui, cette terminaison provoque la méfiance des investisseurs étrangers et des touristes. Pourtant, le Kazakhstan, possède la plus grosse économie de la région, ainsi que d’importantes ressources en hydrocarbure.

Les difficultés pour renommer le pays

Il évoque alors l’idée de renommer le Kazakhstan. Quelques mois plus tard, l’idée traverse la frontière et atteint le Kirghizistan. Un parti politique, Ar-Namys propose d’organiser un référendum pour supprimer le -stan. Le chef du parti, l’ancien Premier ministre kirghize Felix Kulov explique cette démarche ainsi « La terminaison -stan a des origines persanes et le mot « Kirghizistan » a été créé à l’époque soviétique ».

Ces démarches resteront lettre morte, elles engendrent un coût trop énorme et des moyens techniques complexes. Cela entraîne par exemple, la création de nouveaux passeports, et toute une série de documents. Tout cela sans compter le flottement dans les esprits nationaux durant une bonne période. Finalement, le Kazakhstan et le Kirghizistan n’ont finalement pas franchi le pas.

Le rôle du mauvais pays dans les fictions

Ils ont dû faire avec l’apparition récurrente de pays fictifs dont le suffixe -stan est utilisé dans des fictions pour nommer des dictatures, des pays instables, pauvres ou en guerre. On se souvient tous du Kreplachistan dans Austin Powers, et autres Foussurlagueulistan de Titeuf. Le pompon étant en 2006, le film Borat. Il est question d’un Kazakhstan particulièrement arriéré. On y croise des vieillards, des prostitués, et les habitants paraissent particulièrement bêtes. Borat, journaliste venant de la petite ville de Kuçzek, n’est d’ailleurs pas vraiment a son avantage. Il est tour à tour homophobe, raciste, antisémite, misogyne.

Sur fond de méconnaissance diplomatique

Pour compléter le tableau de cette mauvaise image, il faut ajouter de nombreuses bourdes d’hommes politiques étrangers lorsqu’il s’agit d’évoquer ces pays. L’exemple standard, ce fut le secrétaire d’État américain John Kerry qui s’emmêle les pinceaux en appelant le Kirghizistan « Kyrzakhstan« . Il est vrai que les Américains ne sont pas réputes pour leur connaissance géographique du monde.

La véritable part du réel et de la caricature

Finissons tout de même, par souligner que nombres de caricatures semblent exagérer et constitue un parti-pris. Il reste que certains de ces pays et leurs gouvernements ne sont pas exempts de tous reproches. Si la caricature est aisée, nombre de critiques ne sont pas exempts de justesse. Rajoutons que bien souvent, critiquer le gouvernement est difficile dans ces pays autoritaires. Cela peut expliquer quelques dures attaques à l’extérieur.

Bon maintenant, tous ceux qui ne peuvent citer de mémoire les septs pays concernés par la terminaison –stan, c’est l’occasion de relire cet article.

Crédit photo : Alexander-Serzhantov

 

 

 

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La Rédaction