Si les résultats de l’armée russe ne sont plus vraiment probants sur le terrain, ce n’est pas faute d’envoyer des soldats. On parle beaucoup de la milice Wagner, mais il ne faut pas oublier les soldats du contingent d’appelés qui sont de plus en plus faciles à mobiliser. C’est d’ailleurs pour cela que Moscou a validé la possibilité de mobilisation par mails. Cette nouvelle procédure pourrait cacher une deuxième grande vague de mobilisation, qui ne dit pas son nom.
Guerre, vous avez dit guerre
Évidemment, comme pour le Kremlin, il n’y a pas de guerre, il n’y a pas de mobilisation et pour un peu, il n’y aurait même pas de soldats. À peine quelques jeunes gens en uniforme, nettoyant l’Ukraine pour mieux l’accueillir dans une grande fraternité russe.
Une mobilisation plus stricte
Bon, revenons sur terre, en Russie pas besoins de débats et de 49.3 pour adopté une loi facilitant la mobilisation dans l’armée et punissant les réfractaires. Il n’a fallu que deux jours, pour que les deux chambres du Parlement russe se mettent d’accord pour mettre en place une loi plus expéditive. Celle qui autorise l’envoi des ordres de mobilisation par voie électronique et non plus seulement en main propre. Comme il n’y a pas eu de manifestations, ni de contestations, la mise en place aux pas de courses de ce système va rendre immédiatement la possibilité d’échapper à la mobilisation beaucoup plus difficile.
L’informatique en première ligne
Jusqu ici, de nombreux « mobilisable » jouaient à cache-cache avec les autorités pour ne pas se voir remettre en main propre leur ordre de mobilisation comme le veut la procédure. À partir de là, il ne pouvait pas complètement être considéré comme des déserteurs. C’est terminé, fini, les vacances a Phuket une fois l’ordre envoyé par E-mail, le mobilisable se voit notamment interdire de quitter le pays. Ils doivent immédiatement rejoindre le bureau d’enrôlement.
Pour éviter les « hésitations »
Parce qu’il faut admettre que même s’il n’y a pas, comme en France de larges mouvements de contestation face à certaines décisions gouvernementales que cela veut dire que tout le monde est d’accord et content de cette intervention en Ukraine. Surtout avec la tournure pas vraiment glorieuse qu’elle prend. Ils sont de plus en plus nombreux a ne rien trouver d’héroïque dans le fait de mourir a Bakhmout ou dans une obscure campagne de cette contrée de moins en moins Russe.
Mobilisation de 300 000 réservistes
Cette nouvelle vague de recrutement qui ne dit pas son nom fait suite à une autre de 300 000 réservistes en septembre 2022. Celle-ci a déjà été compliquée à mettre complètement en œuvre. Cette fois, il faut aussi faire avec des prévisions militaires inquiétantes. Il semblerait que l’armée ukrainienne prépare une contre-offensive d’ampleur et si les choses tournent mal, la tendance sera de compenser des pertes importantes.
De nombreuses sanctions sauf..
Il reste que comme toujours, ne pas répondre à l’appel, c’est encourir de nombreuses sanctions qui vont jusqu’à la prison. Cette chasse aux « mauvais patriotes » est menée par le biais des services des impôts, les universités et d’autres organismes publics. Ce sont eux qui fournissent les informations personnelles des mobilisables. Le refus de se présenter au bureau d’enrôlement privera ainsi les Russes de la possibilité de travailler en tant qu’entrepreneur ou indépendant, de recevoir des prêts ou de disposer de leur logement et de leur voiture. Bien sûr, les traditions perdurent et avoir un membre de la famille bien placée doit quand même aider a passer dans les mailles du filet. Faites ce que je ne dis pas ce que je fais.
Fatalisme et désinformation
Alors au-delà des commentaires discrets ou des propos provocateurs, comme souvent, dans ce cas-là, c’est le fatalisme qui domine dans une bonne partie de la société. S’il faut y aller, si le gouvernement le dis ce doit être vrai. Le tout sous une pluie d’informations bien orientées pour maintenir une pression qui prétend que le monde extérieur est de plus en plus menaçant envers la mère patrie. N’oublions pas que pour rassembler des troupes dociles derrière soi, il faut un ennemi commun et puissant.
Crédit photo : Kevin Schmid