Enrichir ou enlaidir ?
Complosphère, crush, PLS sont là. Mais on retrouve aussi « mégenrer« , « multivers », ou encore « ghoster« , »flexoffice » (bureau nomade), « escape game« , « greenwashing« . Il y en a pour tous les goûts. Cela va faire évidemment la joie de certains qui considèrent que notre belle langue s’enrichit et fait preuve de vitalisme. Cela va aussi faire grimacer bien d’autres qui vont trouver qu’elle s’enlaidit et se dénature.
Des nouveaux mots et des nouveaux noms
Loin du débat, on accueille pour le Robert la Première ministre Elisabeth Borne, le nouveau roi anglais Charles III, ou encore l’économiste français Philippe Aghion. L’édition 2024 du Larousse accueille quant à elle le cuisinier Gilles Goujon, le groupe de rap IAM, le prix Goncourt 2020 Hervé Le Tellier, ou encore le chanteur belge Stromae.
Qui sont les heureux élus
C’est tout de même l’occasion de se poser la question comment les nouveaux mots entrent-ils dans le dictionnaire ? Le repérage des nouveaux mots et nouveaux sens a lieu en amont, « manuellement », grâce à l’expertise de lexicographes, et « automatiquement », grâce à des outils informatiques.
Les étapes d’une entrée réussie
Évidemment, la première étape, c’est une sélection basée sur trois critères : la fréquence d’usage du mot, sa diffusion dans différents types de discours et de sources, et sa pérennité. Ensuite, il y a réflexion sur la pertinence en comité éditorial, et finalement au vote-débat. A cela se rajoute, quelques actualisations doivent être réalisées, quand un mot familier ne l’est plus, ou quand un mot propre à une région de la francophonie se répand. Une fois le dictionnaire rédigé, il reste évidemment encore à traiter les données, propres à être mises en page pour la version imprimée ou propres à être intégrées aux versions numériques.
D’où viennent les nouveaux mots ?
Ces nouveaux mots sont évidemment le reflet des préoccupations du moment, dans la société française francophone, cela correspond par exemple a des sujets immédiats comme le Covid ou des sujets de plus longues haleines comme l’environnement, le réchauffement climatique. On retrouve aussi les nouvelles technologies, cuisine et gastronomie, mais aussi nouveaux modes de consommation. Les sujets sensibles, comme la discrimination sont de gros pourvoyeurs de nouveaux mots.
Jeunesse et Féminisation
Évidemment, la jeunesse est très active dans la création de mots. Dans son sillage, on retrouve le rap, qui comme toute musique à la mode popularise les mots qui sont créés. Notons que ces dictionnaires peuvent s’eloigner un peu du très formel dictionnaire de l’Académie française. Ce fut par exemple le cas pour la féminisation. Pour des mots qui sont restés plus figés dans le dictionnaire de l’Académie française, les formes féminines sont entrées dans le Petit Robert dès les années 2000, à partir du moment où la presse a décidé de les utiliser.
Les écrits restent
Par contre si les petits Larousse et Robert ne sont pas si petits que cela, c’est parce que les disparitions de mots sont très rares. La dernière fois qu’on a fait disparaître des mots du Petit Robert, c’était en 1993. Précisons que si nous connaissons le Petit Robert ou le Petit Larroouse, il existe la version grande pour les deux. Celle-ci, est uniquement en version numérique. Elle conserve tout de même, un certain nombre de mots complètement désuets. Depuis trente ans, on ne sort pas les mots pour une raison évidente. Même si le mot n’est plus en usage, ou moins, on a toujours besoin de le comprendre. C’est d’autant plus important dans un monde ou les variations sont de plus en plus rapide.
Crédit photo : Romain-Vignes
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