Sale temps pour le président Macron, les critiques et la contestation montent dans l’hexagone. À ce sujet, on peut s’inquiéter à plus long terme des bases extrémistes et anti-Républicaine de cette contestation. Par contre, un président en difficultés au cours de son deuxième mandat n’est pas une surprise. Cela apparaît plus comme un passage obligatoire que comme une nouveauté. Du Général De Gaulle a Francois Mitterrand, les seconds mandats présidentiels depuis le début de la Ve République n’apparaissent pas comme un long fleuve tranquille.
Disparition tragique
Tout d’abord, pour avoir des difficultés lors d’un deuxième mandat, il faut avoir été réélu. Cela élimine déjà quelques présidents. À ce titre, il faut évoquer la disparition tragique de Georges Pompidou qui n’a pas pu finir son mandat. Rappelons qu’il avait été élu en 1969 à la suite du Général. C’est la maladie qui l’a prématurément emporté en 1974 pendant l’exercice de ce qui était alors un septennat.
Pas de réélection pour..
Moins dramatique, le septennat de Valéry Giscard D’Estaing. Un représentant lui aussi de la droite, mais en plus liberal que ses predecesseurs. Cependant, il n’a pas suffisamment convaincu les Français pour faire un deuxième mandat. Dans la catégorie, un mandat et puis s’en va. On retrouve aussi Nicolas Sarkozy et Francois Hollande. Le premier suscitera de gros espoirs déçus, surtout dans son camp. Il sera battu par le second qui apparaîtra suffisamment impopulaire pour prendre certainement la meilleure décision de son quinquennat, celle de ne pas se représenter.
Une démission pour..
À tout seigneur, tout honneur, parmi ceux qui ont eu droit à une deuxième partie, il y a d’abord le Président De Gaulle, père de la Cinquième République. Il va en partie se heurter aux limites de son système. De Gaulle, n’imagine pas gouverner sans une certitude d’approbation majoritaire. Il y a encore dans les esprits les événements de mai 68. Le référendum du mois d’avril 1969 propose officiellement une réforme du Sénat et de la régionalisation. En fait, en mettant sa démission dans la balance en cas de réponse négative, le Général fait de cette consultation un référendum pour ou contre son maintien au pouvoir. Il veut être certain de sa légitimité populaire pour la fin son mandat. La période s’annonce complexe sur fond de ralentissement de la croissance et de hausse du chômage. Les mesures envisagées ne sont pas populaires, le Président sait qu’il devra agir en général et donc avoir une forte légitimité, qu’il n’aura finalement pas.
Deux septennats pour deux présidents
Cela nous emmène au club des récidivistes, ceux qui ont eu le privilège de faire deux mandats de sept ans. Tout d’abord Francois Mitterrand, il a déjà du mal à finir le premier septennat et on pourrait déjà noter qu’au-delà des 5 premières années les choses se sont clairement dégradés. En effet, son 2e mandat arrive après une période de deux années de cohabitation (1986-1988) avec Chirac à Matignon et l’entrée de trente-cinq députés du Front national à l’Assemblée nationale. Quant au second septennat, il verra une autre cohabitation de 1993-1995. Cette fois, ce sera Édouard Balladur (RPR) qui occupera le poste de Premier ministre. À noter que ce sera au début de ce second septennat que Michel Rocard (1988-1991) va plus avoir recours au 49.3. Il a engagé à 28 reprises sa responsabilité au début du second septennat de François Mitterrand.
Chirac et la fin du septennat
Si la volonté a été de reduire de sept a cinq ans le mandat presidentiel, c’est aussi parce que le second mandat de Jacques Chirac n’est pas non plus apparu comme particulièrement reluisant. Le président ayant été réélu en partie pour faire barrage à Jean-Marie Le Pen. Celui-ci a devancé Lionel Jospin pour se hisser au second tour. Une similitude avec l’élection d’Emmanuel Macron qui a en partie représente le barrage contre la famille Le Pen qui récidive avec Marine. À la fin du septennat de Jacques Chirac, un sondage Ifop réalisé fin 2005, seul 1 % des Français souhaite qu’il soit le candidat de l’UMP à l’élection présidentielle de 2007. Un autre sondage Ifop, en janvier 2007, montre que 81 % des Français s’opposent à sa candidature.
Macron, le De Gaulle président..
Comme on peut en juger, le deuxième mandat de président de la République n’est pas de tout repos. Il semble mettre en valeur une remarque de Nicolas Sarkozy lui-même. Il a évoqué à propos de Jacques Chirac l’appellation historique de « roi fainéant » en 2009. Par contre, concernant l’actuel président, son âge moins prononcé donne plutôt l’impression de trop vouloir en faire et surtout contre vents et marées. Une sorte de sentiment d’impunité qui consiste a pensé qu’il faut faire ce qui est à faire, malgré la contestation.
Mais qui n’a pas été Général
C’est certainement le revers de la médaille de cette conception très gaullienne de la république. Le Président De Gaulle fut d’abord un général qui mena ses troupes à la victoire. D’ailleurs, sa carrière politique est évidemment plus contrastée que sa carrière militaire. Pour lui, les résultats passent parfois par une incompréhension globale, mais au bout du compte les « veaux » seront reconnaissants. Ce volontarisme peut en effet, garantir une meilleure efficacité, mais les risques pour la démocratie sont réels. Il faut soumettre tout cela à des conditions temporelles et sectorielles. Et surtout, il s’agit que le maître du troupeau reste un guide, mais ne définissent pas tout seul les buts et les conditions pour y arriver.
Crédit photo : Conectas Abogados