Comme une parenthèse enchantée et sans lendemain, dix ans après une fantastique épopée européenne où le club a vu arriver des joueurs de renommée mondiale, Malaga est relégué en troisième division espagnole. Fini les reves sans se soucier des lendemains, ceux-ci sont devenus le présent et ils avance la note. Ce sera un retour à la case départ. C’est-à-dire en D3 et au football non-professionnel. Un scénario classique pour une triste fin prévisible. En attendant peut-être de nouveaux jours meilleurs et plus raisonnables.
Un scénario hélas classique
Tout, dans cette histoire, fait penser à des épisodes de séries que l’on voit maintenant un peu partout. Sorte de marque de fabrique a la Netflix avec son lot de passages obligatoires pour un résultat convenus. À ce jeu-là, l’histoire du club de Malaga fait figure de film catastrophe avec tous les ingredients indispensables, y compris l’indispensable méchant.
L’arrivée du cheikh Abdullah ben Nasser Al Thani
Tout d’abord, il faut une situation de base difficile. Nous sommes en 2010 et l’ancien dirigeant de Malaga, cherche desesperement une solution pour son club. Celui-ci est en proie à des difficultés économiques. Le problème, c’est que Malaga n’est pas le club le plus en vue de l’Andalousie et du secteur. Finalement, le président trouve une porte de sortie de crise, mais qui n’est pas une porte d’entrée de reconstruction. Cette porte de sortie c‘est Abdullah ben Nasser Al Thani, le premier cheikh à débarquer dans le football espagnol, Abdullah ben Nasser Al Thani arrive en 2010 dans ce qui est a ses yeux la sixième ville du pays en 2010.
Le football comme vitrine
On l’a bien compris, les enjeux sont loin d’être uniquement sportifs, car pour attirer le chèque et ses chèques, on fait miroiter que la ville est dynamique et que le club pourrait être une bonne vitrine d’investissement. Tout devient alors une histoire de parades et de simples devantures. À ce jeu, l’histoire du conte de fées vire très vite au cauchemar.
Quart de finale de Ligue des champions
En 2011-2012, le club termine quatrième de Liga et se qualifie pour les barrages de Ligue des champions. L’année suivante, ils finissent premiers d’un groupe composé de l’AC Milan, du Zénith Saint-Pétersbourg et d’Anderlecht fait naître des espérances folles. Helas, la confrontation face au grand Borussia Dortmund en quart de finale fait redescendre tout le monde. La campagne européenne se termine sur une plainte déposée auprès de l’UEFA. Malaga estime s’être fait « voler » par le Borussia Dortmund. C’est la fin du 4-4-2 de l’entraîneur Manuel Pellegrini qui regroupe des grands noms comme Enzo Maresca, Martín Demichelis, Ignacio Camacho, Julio Baptista, Ruud van Nistelrooy,NachoMonreal, Jerémy Toulalan, Joaquín Sánchez, Isco Alarcón et Santi Cazorla.
Et la descente aux enfers commence
Cette élimination marque le retour aux tristes affaires courantes. Celles-ci prennent la forme d’une interdiction par l’UEFA pour quatre saisons de toutes compétitions européennes pour ne pas avoir respecté le fair-play financier. Sans parcours européens à la clé, l’édifice s’écroule, car il n’est plus possible d’assumer un investissement de plus de 150 millions d’euros en deux ans. D’ailleurs, Malaga galérait déjà à payer les salaires promis. Dès la présaison, le syndicat des joueurs en Espagne notaient des salaires impayés.
Le départ Abdullah ben Nasser Al Thani
Ensuite, c’est du colmatage de brèches en revendant les joueurs achetés. De son coté, Al-Thani, annonce qu’il n’investira plus un sou dans le club. En parallèle, le cheikh explique que ses immenses projets immobiliers dans la région notamment un port de plaisance et un hôtel quatre étoiles sont systématiquement refusés par le gouvernement local. Les entraîneurs se succèdent. On ne parle plus de fond de jeu, de vision des choses, de manière de faire, mais bien de sauver les meubles comme on peut. À ce jeu-là, Malaga est relégué en seconde division.
Le calvaire n’est pas fini et les objectifs sont de plus en plus modestes, et même celui de survivre au sein du football professionnel n’est plus d’actualité. Les Blanquiazules retrouvent finalement les tréfonds du football espagnol et la saison prochaine, ce sera Primera RFEF.
Mais la descente continue
Pour expliquer tout cela, le coupable ideal, c’est Abdullah ben Nasser Al Thani et ses pétrodollars qataris. Il est poursuivi pénalement par l’association des petits actionnaires du Malaga CF. Il est démis de ses fonctions par la justice. Cependant, un administrateur est nommé, mais cet avocat n’a aucune connaissance du football. Avec le manque de résultat, il devient à son tour la cible des critiques des supporters après la descente en D3.
Et les résultats ne sont pas au rendez-vous.
Il faut admettre que, qu’avec le cheik une grande structure avait été mise en place sans véritablement de projets. Il en est de même avec ses successeurs. Avec le sixième budget du championnat Malaga fait figure de grand loser. D’autres clubs bien moins lotis comme Granada, Leganés, Las Palmas, Eibar flirtent plus avec la montée en D1.
Une année en D3 et de nouvelles folles espérances
L’année prochaine, en D3, la nouvelle direction pourra au moins s’appuyer sur de fidèles supporters. Le club comptait en moyenne 19 000 spectateurs cette saison. Il faudra aussi certainement s’armer de patience pour reconstruire sur des bases solides. Ce sera difficile de résister à de nouvelles sirènes, récemment, Nasser Al-Khelaïfi s’est dit intéressé par le rachat du club.
Crédit photo : football wall2