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Qu’importe le flacon de l’info pourvu qu’on ait l’ivresse du partage

Séparer le bon grain de l’ivraie. Cette vieille maxime montre à quel point, déterminer le bien du mal n’est pas nouveau. Il en est de même pour la vérité et le mensonge, qui souvent se pare de nuances difficiles a discerné. À ce titre, Internet n’a fait que grossir la chose. Il ne s’agit pas seulement de prendre des informations et des connaissances comme dans un livre, mais éventuellement de les diffuser ou d’aider à le faire massivement. Justement, ce partage sur les réseaux sociaux brouille notre capacité à savoir ce qui est vrai ou faux.

Vérité et réseaux sociaux

Nous sommes maintenant plus attentifs aux contextes dans lesquels nous recevons des informations. On peut s’en féliciter. Cependant, il existe des tas d’explication sur la facilité qu’ont les fausses informations à circuler via les réseaux sociaux. On retrouve l’enfermement algorithmique, la rapidité des interactions, et bien sur l’absence de traitement professionnel d’une information.

Partager, partager, toujours partager

Toutes ces raisons ont un point commun. Elles ne nous mettent pas en cause, ni notre utilisation des réseaux sociaux par exemple. Or justement, c’est sur ce point qu’une équipe a concentrer son action. Sa dernière étude démontre que la simple intention de partager un contenu en ligne entrave la capacité des internautes à juger si une information est vraie. Les « motivations sociales » passent devant la prudence face à un contenu.

Une étude en plusieurs temps

Les conclusions sont simples et claires. L’étude explique « il existe une myriade de motivations au partage d’informations qui dépassent le seul fait de savoir si elles sont vraies. » C’est donc la conclusion d’un article paru dans la revue Sciences Advances et signé de chercheurs du Media Lab et de la Sloan School of Management du Massachusetts Institute of Technology (Etats-Unis). L’article s’intitule « le contexte des médias sociaux perturbe le discernement de la vérité ».

Plusieurs milliers de participants

Le déroulement de l’expérience s’est faite en deux temps auprès de 3 157 participants. Dans un premier temps, ils ont soumis à 768 participants 25 titres d’articles concernant la crise sanitaire du Covid-19. Parmi eux, 15 contenaient une fausse information. Puis, les autres participants ont été exposés à 60 actualités politiques, dont la moitié est vraie, l’autre moitié fausse. Tout cela mis sous la forme de posts Facebook, avec titre, image et source.

Différents groupes

Ensuite, des groupes ont été constitués. Il s’agissait de différencier l’appréciation et le contrôle de la véracité des informations suivant si le groupe a l’intention de partager en ligne ou non. Le résultat démontre que la perspective de partager un article de média sur un réseau social détériore la capacité des internautes à juger s’il s’agit d’une information vraie ou fausse. A contrario, leur jugement s’avère nettement plus affûté dès lors qu’ils lisent des gros titres sans qu’il ne soit question de les partager en ligne.

Deuxième vague de test

Tout d’abord, la deuxième vague de tests s’est portée plus spécialement sur des actualités politiques, il était aussi demandé aux participants de dire s’ils commentent ou « likeraient » les posts Facebook concernés en plus de les partager. Concrètement, les participants sont moins doués à repérer une fausse information quand la question sur le partage arrive avant celle sur la véracité. Dans la première vague de tests, ils sont 35 % de moins à y arriver par rapport aux participants ayant dû seulement juger si une information était exacte. Cette différence tombe à 18 % quand ils doivent d’abord juger de l’exactitude puis dire s’ils comptent partager l’information.

Partager quelque chose d’éventuellement faux pour entretenir une vraie relation

Le fait de vouloir partager agit comme une sorte de briseurs de nos réflexes classiques de réflexion et de vérification. La perspective de partager amène les internautes à croire plus facilement une information. Parmi elles, certaines n’auraient pas été crue dans d’autres circonstances.

L’étude met en avant des « motivations sociales » et un besoin de correspondre qui prend le pas sur l’exactitude de l’information. Du coup, celle-ci devient secondaire. On se voile la face et on fait « comme si » pour être sûr de ne pas casser un lien. Au bout du compte, on préfère parfois partager quelque chose d’éventuellement faux pour entretenir une vraie relation.

Les plateformes pas exemptes de reproches

Évidemment, tout ceci a bien été « oublié » par les plateformes. Tout est mis en œuvre pour faciliter le partage de contenus. La recherche de gain pour la plateforme et pour ses utilisateurs passent d’abord par le partage et non pas par la vérité. La quantité et la réaction avant la qualité et la réflexion. De fait, difficile de demander un effort pour inciter les gens à s’intéresser à l’exactitude des contenus.

Crédit photo : Rami al zayat

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La Rédaction