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Inégalités en France : un rapport Natixis positif mais lucide

Évidemment, les mauvaises langues verront une nouvelle en trompe l’œil. Notre esprit souvent critique ne voit dans les bonnes nouvelles, qu’une information douteuse. Si le scepticisme est un réflexe de défiance naturel, il convient de ne pas le laisser prendre toute la place. C’est pour cela qu’il convient de prendre au sérieux un nouveau rapport de Natixis. Celui-ci assure que les inégalités de revenus après redistribution restent moins importantes en France que dans bien d’autres pays similaires.

Un rapport a contre-courant

Ce rapport prend le contre-pied de la tendance actuelle. Celle-ci sous-entend que la société dans laquelle nous vivons est plus génératrice d’inégalité que les précédentes. En fait, il s’agit de démontrer que tout va plus mal. Ce parti-pris est tout aussi erroné que son contraire, il convient donc de faire un peu la part des choses. Dire que les choses ne vont pas si mal, ne veut pas dire que tout est rose pour tout le monde.

Commandité par Natixis

Loin de faire l’apologie de telles ou telles décisions ou de telles ou telles personnes, il convient juste de prendre conscience de certaines choses. Pour son analyse, l’économiste Patrick Artus s’est appuyé sur l’indice de Gini. Celui-ci permet de rendre compte des inégalités au sein d’une population. Plus l’indice est proche de 1, plus les inégalités sont importantes. En France, il s’élève à 0,29, d’après les données publiées par l’OCDE en 2021. C’est moins qu’en Espagne (0,33), qu’en Italie (0,33) ou qu’au Royaume-Uni (0,35). En revanche, les inégalités de revenus en France restent plus fortes qu’en Norvège (0,28) ou qu’en Finlande (0,27).

Des inégalités de revenus globales relativement faibles

Pour en arriver là, cette analyse comprend les revenus comme les salaires, les revenus du travail non salarié, les revenus du capital et les transferts monétaires reçus de l’Etat. À cela, on rajoute la déduction faite de l’impôt sur le revenu et des cotisations de sécurité sociale. En prenant compte de tout, le rapport Natixis conclut « On voit que le système redistributif en France, en tenant compte de toutes ses composantes, aboutit à des inégalités de revenus faibles ».

Des inégalités d’accès à l’emploi plus fortes

Cependant, il ne faut pas en matière d’inégalités s’arrêter simplement aux revenus. Il faut aussi considérer  les inégalités patrimoniales, et les inégalités d’accès à l’éducation et à l’emploi. Sur ce plan, le rapport apparaît plus critique.

Les choses se compliquent en matière de patrimoine. Cela renvoie aux biens possédés par un individu, ce qui comprend à la fois les biens immobiliers, les terrains ou encore les actions. Le rapport est clair, les inégalités patrimoniales sont particulièrement importantes en France. Elles sont plus fortes qu’en Finlande, au Danemark, aux Pays-Bas, en Italie, au Royaume-Uni ou en Espagne. Pire encore, les inégalités de patrimoine augmentent.

Inégalités en matière de formation et d’emploi

Le rapport ne se voile pas la face et cerne la ou le bas blesse le plus. Il s’agit des inégalités d’accès à l’éducation et à l’emploi. En considérant les derniers résultats de lenquête Pisa, elle indique une mauvaise qualité et une inadaptation du système éducatif français. Le résultat se traduit par un taux de chômage élevé chez les jeunes et à une proportion élevée de jeunes déscolarisés. Le taux d’emploi des Français âgés de 20 à 24 ans dépasse à peine les 55 % d’après l’OCDE, contre 70 % pour l’Allemagne ou 80 % pour les Pays-Bas. De plus, une evolution vers des formations plus efficaces et plus précises pourraient lutter contre un taux d’emploi bien plus faible pour les personnes peu qualifiées que pour les personnes qualifiées.

Crédit photo : towfiqu-barbhuiya

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La Rédaction