En bon méditerranéen, le fait d’être de petite taille ne m’apparaît pas, être étonnant. Il est encore naturel de penser que globalement en Europe que plus on remonte vers les Nord, plus les gens sont grands. Mais cela, c’était naguère, car encore une fois, les Anglais se distinguent et ne suivent plus l’exemple européen. Une nouvelle tendance fait que les habitants du Royaume-Uni semblent ne plus grandir.
Les Britanniques sont de plus en plus petits
Les études scientifiques vont dans le même sens et c’est pour cela que la presse Britannique et notamment le quotidien conservateur « The Time » s’en fait l’écho. C’est officiel, la différence de taille entre les enfants britanniques âgés de cinq ans et leurs camarades du continent européen est devenue particulièrement significative. Le journal emploie même le mot “effrayant”.
Concrètement, en France, la taille moyenne des petits garçons de cinq ans s’établit à 114,7 centimètres et celle des filles à 113,6 centimètres, contre 112,5 centimètres et 111,7 centimètres respectivement outre-Manche.
Une tendance qui s’amplifie
Les chiffres sont étonnants à plusieurs titres. Non seulement, sur le nombre de centimètres, mais aussi sur la durée de cette tendance. En effet, le phénomène n’est pas nouveau. Déjà en 1985, de nombreux indicateurs, dont le même classement, expliquait que les jeunes britanniques figuraient à la 69e place sur 200. Près de quatre décennies, plus tard, garçons et filles gravitent autour de la 100e place seulement.
De « ne plus grandir » à « rétrécir »
Plus étonnant encore, le phénomène s’est intensifié depuis les années 2010. Jusque-là, on pouvait évoquer un ralentissement de la croissance, après cette date, les petits Britanniques ont tout simplement commencé à “rétrécir”.
Les effets de la malnutrition
Les raisons ne sont hélas pas mystérieuses, il faut y voir les effets conjugués des politiques d’austérité post-crise économique, d’une baisse du niveau de vie et d’une dégradation des régimes alimentaires.
Une alimentation saine a un cout
Manger sainement demande de plus en plus d’effort financier difficile a négocier pour les plus pauvres. Un rapport du think tank Resolution explique qu’une alimentation équilibrée réclame la moitié des revenus à l’alimentation de 20 % des foyers les plus pauvres. Évidemment, tout cela amène à rogner sur la qualité. De nombreuses familles se tournent vers de la nourriture peu chère, très calorique mais peu nutritive. Cela amène de manière classique et hélas inévitable a une augmentation de l’obésité au détriment d’une croissance équilibrée.
Différence Nord-sud
Les études font aussi état d’une disparité géographique. C’est en effet dans le Nord de l’Angleterre, que la situation se révèle particulièrement dramatique. Cela reflète une nouvelle fois une pauvreté historique plus marquée. De fait, le Manchester Evening News note dans ses colonnes une évidence. Il explique À Manchester même, quelque 42 % des enfants vivent sous le seuil de pauvreté. Cela peut entraîner un retard de croissance, mais les conséquences de la malnutrition sur la santé peuvent être encore plus graves une fois l’âge adulte atteint et s’ajoutent à d’autres manifestations des inégalités ».
Un système social défaillant
Au bout du compte, c’est le système social britannique qui est montré du doigt. Ces enfants, qui grandissent moins, sont une allégorie facile, mais saisissante. Cela montre de manière concrète les effets de l’austérité et du manque d’investissement dans les domaines liés à la jeunesse, de l’éducation à la santé. Par comparaison, cela représente un budget de 3 650 euros par enfant au Royaume-Uni contre 8 250 euros en France. À noter que la moyenne de l’OCDE se situe à 5 500 euros.
De l’importance de bien manger
Plus globalement, il apparaît aussi que la place de la nourriture dans les budgets, subit de plein fouet les attaques d’une société de consommation qui fait passer pour indispensable de plus en plus de besoins autrefois secondaires ou inexistants.