Face à certaines situations, les décisions sont bien difficiles à prendre et ne font pas l’unanimité. De plus, on imagine pas toujours toutes les répercutions des avancées et des découvertes scientifiques. Et comme le diable va se loger dans les moindres détails, les instances sportives sont aussi confrontés à des choix délicats. Cette fois, il s’agit de savoir si l’athlète sud-africaine Caster Semenya, peut participer à certaines courses même si elle refuse un traitement pour faire baisser son taux de testostérone. Cette question, concernant l’hyperandrogénie, revient une nouvelle fois sur le devant de la piste.
Batailles judiciaires
C’est la Cour européenne des droits de l’homme (et de la femme) qui remue une nouvelle fois et rechausse les crampons sur le dossier. Elle conteste la décision de la justice helvète. Celle-ci avait confirmé en 2020, une décision du Tribunal arbitral du sport (TAS) validant un règlement de la Fédération internationale d’athlétisme (World Athletics, ex-IAAF). La cour basée à Strasbourg estime que « La Suisse a outrepassé la marge d’appréciation réduite dont elle jouissait dans le cas d’espèce qui portait sur une discrimination fondée sur le sexe et les caractéristiques sexuelles, laquelle ne peut être justifiée que par des considérations très fortes ».
Sur le plan sportif
Toutes ces batailles judiciaires tournent autour de l’athlète sud-africaine Caster Semenya. Celle-ci présente un excès naturel d’hormones sexuelles mâles. Cela évidemment lui confère un avantage physique certain face à ces concurrentes. Il reste qu’elle mène depuis plus de dix ans un bras de fer avec la Fédération internationale d’athlétisme (World Athletics, ex-IAAF). Cette instance, face aux dérives de la médecine lutte en matière de dopages à travers des produits des pratiques. Elle a instauré, expertises à l’appui des conditions en avril 2018. Il s’agit d’un seuil maximal de testostérone (5 nanomoles par litre de sang) pour concourir avec les femmes sur des distances allant du 400 m au mile (1609 m).
Hyperandrogénie, testostérones et hormones
Bien sur tout ceci englobe la distance de prédilection de la Sud-Africaine. Le bras de fer n’est pas nouveau, car depuis avril 2018, la Fédération internationale d’athlétisme, a établi un règlement concernant l’hyperandrogénie. Celui-ci impose aux sportives concernées par cet excès d’hormones masculines de prendre des médicaments. Il est impératif à leurs yeux de baisser le taux de testostérones que produit naturellement leurs corps.
Être une femme, ou ne pas être une femme
Si on élargie le début, en fait L’IAAF considère en effet que biologiquement elles sont des hommes. C’est à partir de là que la question quitte le volet exclusivement sportif. L’athlète sud-africaine dépose une première requête contre cette nouvelle réglementation. Le 18 février 2019 commence l’examen du recours auprès du Tribunal arbitral du sport (TAS), posé pour « discrimination ». Elle est soutenue par le gouvernement sud-africain dans sa démarche ainsi que par le Conseils des droits de l’homme des Nations Unies. Néanmoins, le 1er mai 2019 le TAS donne raison à l’IAAF. Il autorise la participation sous conditions le dosage de testostérone. Inflexible, en juin, dans son mémoire de défense devant le TAS, l’IAAF affirme que Semenya est « biologiquement un homme ». Caster Semenya présente le schéma chromosomique masculin XY, ce qui lui donne un avantage injuste sur les autres femmes athlètes.
La bataille judiciaire continue
L’athlète est contrainte de renoncer aux Championnats du monde d’athlétisme de Doha au Qatar. Elle dépose par ailleurs un recours contre cette décision, qui est rejeté par la justice suisse. En février 2021, Caster Semenya saisit la Cour européenne des droits de l’Homme dans le bras de fer qui l’oppose à la Fédération internationale.
C’est ainsi que nous retrouvons l’ensemble de ces instances sur un plan supérieur. Ils sont passés d’une autorisation à participer à une course, a la définition d’un homme et d’une femme. Ceci apparaît de plus en plus difficile à cerner, surtout sur 800 mètres.
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