Déjà dans l’appellation, le sous-entendu est présent. En effet dans « sur-doués » il y a « sûr ». Or, en français, le préfixe « sûr » induit d’emblée l’idée d’un excès d’intelligence et donc d’un problème. Ce n’est pas le cas dans les pays anglophones, le mot équivalent à surdoué est tout simplement « doué ». Tout cela démontre la mauvaise image actuelle que l’on a de la situation d’une personne surdouée. Il ne s’agit pas de nier que de les difficultés existent, ni la souffrance de personnes concernées. Cependant, un excès de zèle peut nuire à un véritable accompagnement adapté. Pour cela, il ne s’agit pas de déduire que la précocité est nécessairement la seule cause de difficultés.
Un sujet a la mode
C’est un sujet à la mode actuellement, l’intelligence supérieure serait surtout presque uniquement source de problèmes. De nombreuses publications actuelles insistent. Cette vision largement répandue est véhiculée par des études qui vont toutes dans le même sens et oublient de tenir compte des surdoués qui vont bien.
Différend et unique ne veut pas dire meilleur et seul.
Tout cela donne une sensation que les enfants, dont le quotient intellectuel (QI) dépasse 130 ne peuvent plus évoluer tranquillement dans une société qui nie toutes les spécificités. En fait, c’est aussi une manière de démontrer des dérives universalistes et de l’inadaptation de certaines institutions de notre société et notamment du système éducatif. Ces mises en garde nous viennent d’un courant assez individualiste et libertarien qui sévit sur les réseaux sociaux. Les sur-doués seraient un exemple des difficultés d’être soi-même dans une société de plus en plus uniformes.
Sensationnalisme plus que la réalité
Il est aussi à noter que ces allégations font la une des grands médias, qui sont surtout demandeurs de récits scientifiques alarmistes et ne se contente pas de thèses modérées. Que les surdoués soient décrits comme souffrant de troubles variés, instables et rejetés, convient bien mieux à une soif d’audience. Quant au gouvernement, il est lui-même victime de la force de communication des associations et des grands médias. Cela le conduit quelquefois à se rallier sans esprit critique à certains fantasmes et à laisser de côté les avis plus raisonnables.
Ne pas opposer « normal » et « surdoué »
Si le sujet peut faire l’occasion de discussions, de débats et bien plus, il ne doit pas masquer la réalité et surtout ne pas se transformer en un autre préjugé. Par exemple celui de la relation presque inévitable entre enfants surdoués et échec ou difficulté scolaire. Il devient de bon ton de penser que les enfants surdoués auraient un mode de pensée qualitativement différent de celui des enfants ordinaires. D’un côté, il y aurait les personnes « normales » passant d’une idée à l’autre dans un enchaînement unidirectionnel. À l’inverse, les enfants surdoués auraient une pensée « en arborescence ». Chaque idée donne naissance à plusieurs autres qui, à leur tour, engendrent une multitude de concepts. Tout cela ne serait pas pris en compte dans notre système scolaire et trop d’intelligence provoquerait des problèmes. Ainsi, les enfants les plus prometteurs se retrouveraient ainsi souvent exclus du système éducatif. Certains vont même jusqu’à annoncer 50 %, voire 70 % d’échec scolaire chez les surdoués.
Quid de la « pensée en arborescence »
Concrètement, la notion même de « pensée en arborescence » est inconnue du monde scientifique. Il existe bien une notion de « pensée divergente » en psychologie, évoquant celle de la pensée en arborescence. Mais attention, elle signifie un mode de pensée spécifique, et reste une composante du raisonnement normal. Tout ceci n’est pas nouveau, c’est » tudié par les psychologues depuis l’invention des tests d’intelligence, il y a plus d’un siècle. Ils étudient dans quelle mesure les scores de quotient intellectuel prédisent divers aspects de la vie de l’individu. Au final, plus les enfants ont des QI élevés, mieux ils réussissent scolairement, plus ils atteignent un niveau de diplôme élevé, plus ils obtiennent des revenus élevés, plus leur employeur est satisfait, meilleure est leur santé et plus leur espérance de vie est longue.
Et en France..
En France, des données récentes de l’Éducation nationale, recueillies auprès d’environ 16 000 élèves de 3e, ont amené à la même conclusion. On peut donc dire sans risque de se tromper que leQI n’est pas le seul déterminant de la réussite scolaire et s’il peut bien sûr exister des surdoués en échec scolaire. Cependant, l’idée selon laquelle ils le sont de manière générale n’a pas de fondement rationnel.
« Pas plus pas moins »
« Pas plus pas moins », est-on tenté de dire. D’un côté, il semblerait que les surdoués, grâce à leur intelligence, soient capables de mieux gérer leurs émotions et développent des compétences socio-émotionnelles. Cela les rend plus heureux et mieux adaptés, réduisant notamment l’anxiété. De l’autre côté certains décalages avec leurs pairs, peuvent entraîner des difficultés sociales ce qui peut entraîner plus d’anxiété et de mal-être.
Pas plus stressé, ni dépressif
Fort de ces constatations tout le reste n’est que spéculations. Seule l’étude des faits peut donner un meilleur éclairage sur la réalité de manière fiable. A ce propos, 14 études effectuées dans différents pays (France, États-Unis, Canada, Israël, Pologne, Lettonie) et deux méta-analyses aboutissant toutes à la même conclusion. Les enfants précoces ne sont pas plus anxieux que les autres en moyenne. Bien que les preuves soient moins solides, ils semblent ne pas être plus dépressifs ou stressés que les autres non plus.
Ne pas confondre instruction et éducation
Tous les enfants sont uniques et demandent un maximum d’attention pour se développer dans la meilleure harmonie. Cela vaut pour les enfants surdoués, qui ont comme les autres besoins avant tout d’un cadre proche, stable et précis. Notons que les institutions scolaires sont là, avant tout, pour assurer l’instruction et pas l’ensemble de l’éducation.